C’est tout simplement brillant. Complexe. Bouleversant. Attirant. Malsain. Un homme cherche à venger sa femme violée et assassinée. Mais il souffre d’amnésie: il oublie tout ce qu’il a fait ou dit dans le quart d’heure précédent. Alors il prend des photos, des notes et se fait des tatouages. Il s’organise. Un thriller qui aurait pu mal tourner mais c’est mal connaître Nolan qui jamais ne laisse son film s’embourber. Bien au contraire. Il réalise ici un film dérangeant, qui met mal à l’aise tant on se croit dans la tête de Shelby. On est manipulé comme cet anti-héros. Dans une ambiance sombre , Nolan nous raconte cette histoire. Une histoire de vengeance, d’amour, d’amnésie et de meurtres. Si lelle est parfois complexe, jamais on est réellement perdu, le film étant bien construit, ayant un schéma qui revient toujours et pourtant on a quelques fois envie de se perdre, pour encore mieux sentir le handicap de cet homme et surtout parce que c’est Memento et qu’on a pas envie que le film finisse.Cette construction scénaristique est un vrai chef d’oeuvre à elle toute seule: le film à l’envers, qui commence par la fin. Peu à peu on remonte le temps à la recherche de qui est Shelby, qu’est-ce qui l’a poussé à faire ça? On trouve des réponses, on assemble le puzzle que ne peut pas reconstruire Léonard. On se ment à soi-même. On est subjugué. On se prend à aimer Shelby, joué par le génial Guy Pearce. On est lui. Il est nous. Dans ce puzzle on croise Carrie-Anne Moss (tout en douceur et finesse) et Joe Pantoliano (lui-aussi tout à fait crédible). Les acteurs ne jouent pas: ils sont. D’ailleurs on a plus l’impression d’être dans un film au bout de quelques minutes: c’est la réalité et on est Shelby. Et puis Memento ça ne s’explique pas, ça se vit. Il y a eu plusieurs films depuis Memento dans le même genre mais aucun ne lui arrive à la cheville. Parce c’est Nolan et Pearce, c’est beau et attirant, c’est touchant et écoeurant, c’est transcendant et sublime. Un film qui prend aux tripes et qui subjugue. Vous ne le regretterez pas ni ne l’oublierez.