

La mise en scène est dépouillée, parfois froide même, pour ne laisser transparaître que les émotions des personnages, leur fragilité surtout. Mais cette froideur glaçante, celle de la Stasi, est contrebalancée par la très belle musique de Gabriel Yared qui étreint profondément. Les personnages évoluent. Wiesler a des doutes sur la Stasi, Dreyman veut dévoiler des vérités par sa plume, Christa-Maria doit faire face au prix à payer pour continuer à jouer. Tout n’est que manipulation pour la Stasi. Si un artiste veut continuer à jouer ou écrire, il doit se plier à certaines règles. Sinon c’est la censure, l’emprisonnement. Donnersmarck ne cherche pas tant à critiquer un système qu’à raconter une histoire. Il ne donne pas son avis, mais montre les faits, les expose. Et à travers le personnage – magnifique il faut l’avouer – de Wiesler, comment un homme peut rester humain grâce à l’art, au contact avec les autres.

Le film a gagné 58 prix dans le monde entier, un record bien mérité. Il y a quelque chose de gravement beau dans ce film, de magnifiquement juste et de terriblement humain. Comme s’attacher à Wiesler. C’est un premier film, et certes, il y a peut-être des petits défauts, mais cette maladresse se transforme rapidement en tendresse. C’est un film d’expiation pour tout un pays. Un film sobre et réel qui introduit dans un quotidien ordinaire et gris, de l’extraordinaire, de la beauté, de l’amour. La vie des autres (Das Leben der Anderen) est un film très important, parce qu’il est sincère, vrai et humain. Il n’y a rien de magique, et pourtant c’est tout comme. Cette étincelle qui se rallume en Wiesler remplit le coeur. La superbe prestation d’Ulrich Mühe, toute en finesse et regards, sans jamais être glaçante ou dénuée d’émotions porte le film sur toute sa longueur. Sebastian Koch et Martina Gedeck en couple intellectuel en proie à des désillusions sur leur pays et leur métier, sont excellents, charismatiques et mystérieusement attirants.
Depuis Good Bye Lenin, on attendait encore des merveilles venues d’Allemagne. Voici la dernière en date. Un petit bijou bourré d’humanité. Traité comme un thriller parfois, ce drame s’adresse à tous et à toutes et qui rappelle à quel point l’art peut rendre humain, à quel point on en a besoin. Le scénario, lui, ne manquera pas de vous surprendre, de vous accrocher pendant deux heures et plus. Voici le grand film de 2007. Merci de bien vouloir y courir. On vous aura prévenu.

