Angel

Un Ange passe, ne le ratez pas

Romola Garai et Lucy Russell. Wild Bunch Distribution Charlotte Rampling, Sam Neill, Romola Garai et Michael Fassbender. Wild Bunch Distribution Michael Fassbender et Romola Garai. Wild Bunch Distribution

En Angleterre, début 1900, Angel Deverell est une jeune femme qui préfére écrire qu’étudier. Elle vit dans son monde et est persuadé qu’un jour elle deviendra une écrivain reconnue et admirée. Alors que sa mère, épicière, comprend mal sa fille, un éditeur accepte de publier le premier roman d’Angel: Lady Irania. La carrière de la jeune femme connaît une ascension vers la gloire et Angel est adulée son style fantasque et romantique a séduit le public. Et puis elle rencontre Esmé, un jeune peintre à l’existence débridé…

Sam Neill et Romola Garai. Wild Bunch Distribution

Il serait dommage d’en raconter plus. Toute l’essence d’Angel ne pourrait se mettre en mots. Orgueilleuse, cruelle sans le vouloir, prétentieuse mais fragile, le portrait de cette jeune écrivain est complexe. On lui donnerait des baffes mais quelque chose nous lie à elle, nous fait qu’on l’aime malgré ses défauts. Loin d’être un ange (son prénom a du être choisi ironiquement par l’auteure du livre), Angel séduit. Placé dans des mains inconscientes ou mal entraînées, Angel aurait pu devenir une grotesque fable dégoulinant de bons sentiments à l’eau de rose. Ici rien de tout ça. Ozon livre une oeuvre spéciale mais maîtrisée et superbe à tout les points de vue. D’abord par son originalité, Angel fascine. On avait rarement vu ce type de film depuis plusieurs années. Kitsch, mise en scène théâtrale mais personnelle et proche de l’héroîne, décors soignés et grandioses, costumes brillantsc’est une avalanche de dentelles, couleurs vives, fleurs…le monde d’Angel en gros. Hors de la réalité, des ravages du temps et de la guerre, Angel s’est forgé une sorte de prison où elle a construit son monde merveilleux pour échapper à la réalité. Un des principaux thèmes du film est d’ailleurs la réalité et l’irréalité. Cette barrière qu’Angel refuse de franchir, mais à quel prix? Ozon ne fait pas un film sur Angel en temps que écrivain mais en tant que femme. Il explore son monde, ses joies, ses peines et surtout son amour pour le peintre Esmé, tout le contraire d’elle. On dit que les contraires s’attirent, certes. Mais ici en plus de s’attirer, ils se détruisent. La destruction entre ces deux êtres incompatibles et qui se font du mal, inconsciemment et consciemment. La réside une grande bonne de l’intérêt du film. L’autre se divise entre originalité de l’histoire, beauté de la mise en scène prenante et des décors et la façon qu’à Ozon de filmer cette femme-enfant qui surjoue à chaque instant de sa vie. Il ne la dévoile jamais complètement: Angel est et restera un mystère. Tout le mérite, ou presque, en revient à l’actrice principale, Romola Garai. Croisée dans Dirty Dancing 2 puis dans Scoop, elle étincelle dans ce drame romantique colorée. Tour à tour, surjouant son personnage quand il le faut, elle se révèle fragile et juste dans les moments de faiblesse d’Angel. Elle aurait presque tendance à monopoliser la caméra tellement elle est douée, mais Michael Fassbender, jeune acteur prometteur, lui tient tête, non sans charme. A ses côtés, Lucy Russell en admiratrice confidente, Sam Neill admirable et Charlotte Rampling exquise dans son second rôle. Pantins de Ozon qui tire les ficelles dans l’ombre, ils demeurent tous à la hauteur du but que c’était fixé le maître français ici passé sournoisement chez notre ennemie l’Angleterre. Mais après vision d’Angel on ne peut que le supplier d’y rester chez cette Angeleterre.

Romola Garai. Wild Bunch Distribution

Spécial et original, kitsch et réel, cruel et attachant, romantique et destructeur, Ozon joue avec tous les paradoxes du genre pour nous livrer une perle: Angel. Comme son nom ne l’indique pas, l’héroîne à la fois peste et orgueilleuse arrive à nous émouvoir et Ozon arrive même à nous la faire aimer. Un pari relevant quasiment de l’impossible mais réussi ici d’une main de maître. Le réalisateur joue sur plusieurs tableaux pour en fin de compte rendre l’oeuvre complète et complexe. Un portrait de femme des plus réussis dernièrement. Il faut le voir pour le croire, en parler sert peu. L’essence d’Angel réside dans ce long métrage exceptionnel qui, disons le sans tourner autour du pot, n’est pas un chef d’oeuvre mais un bijou. Un petit bijou éclatant qui nous entraîne dans un monde qu’on aimerait jamais quitter. Le monde d’Angel Deverell. Fascinant.

Wild Bunch Distribution

2 thoughts on “Angel

  1. Très bon filmJe n’aime tout ce que fait Ozon mais attirée par la Bande-annonce, j’ai été très séduite par ce film en costume, en anglais. C’est très « culotté » de la part d’Ozon d’avor tourné ce film à voir.

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