Requiem for a dream

Requiem pour un chef d’oeuvre

Jared Leto. Sagittaire Films

Harry Goldfard, sa petite amie Marion Silver et son meilleur ami Tyrone C.Love sont des junkies. Ils échappent à la réalité et leurs vies en se droguant. La mère de Harry, veuve, n’a qu’une envie: passer à la télé. Lorsque l’on appelle pour lui annoncer qu’elle a été sélectionné et qu’elle va passer à la télé, elle décide de perdre du poids pour rentrer dans sa robe rouge. Pour cela elle commence un régime constitué de pilules. Tous les 4, rongés par leur dépendance, vont plonger dans un enfer qui va les conduire à leur destruction.

La drogue, l’anorexie, la société. Darren Aronofsky. Avec une maîtrise sans précédent, il nous plonge dans le quotidien de ces 3 camés et de cette femme prête à tout pour maigrir. Aronofsky (The Fountain en 2006) utilise des effets de style et une mise en scène originaux pour livrer ce récit contemporain. Et le film de nous prendre à la gorge, aux tripes, de nous bouleverser. Ce n’est pas un film d’horreur mais franchement c’est peut-être pire. C’est à peine si on ose respirer vers la fin du film. C’est horrible même si on s’y attendait. En fin de compte, il est quasiment impossible de définir ce film voire même d’émettre un jugement, bon ou mauvais. L’ambiance, la mise en scène, l’histoire, les acteurs (Jared Leto impressionnant et remarquable, Ellen Burstyn poignante, Jennifer Connelly et Marlon Wayans excellents) tout contribue à nous oppresser. On ne sait même pas pourquoi on aime ce film, pourquoi il nous marque autant alors qu’il devrait nous dégoûter. Sans doute parce qu’il est indispensable et un reflet de notre monde, à l’image des personnages: humain et auto-destructeur. Et alors qu’on est comme marqué à jamais par ce requiem, la musique nous revient sans cesse (Summer Overture de Clint Mansell) comme un refrain qui nous rappelle de ne pas oublier ce film. On ne l’oubliera pas. Darren Aronofsky est sans nul doute de la catégorie des grands réalisateurs, parce qu’il a su donner au cinéma contemporain ce qui lui manquait cruellement: des tripes.

Requiem nous ronge, comme un poison. Il s’incruste dans nos veines lentement mais la douleur ne se fait ressentir qu’à la fin. Et là, on est KO. Impossible de penser, bouger. Juste ce mal au ventre qui nous tord, qui nous malmène, nous broie. Ce film est à déconseiller aux âmes sensibles ou aux plus jeunes (déconseillé aux moins de 16 ans est entièrement justifié). Certes il n’y pas de violence physique mais la violence mentale est plus forte que dans aucun autre film. On est mal à l’aise, concerné malgré soi par les problèmes des 4 protagonistes et surtout on souffre avec eux. Comme l’a dit le magazine Repérages "Requiem for a dream appartient à la catégorie, rare et précieuse, des films qui rendent malades". Oui, il rend malade. Vous êtes prévenu.

6 thoughts on “Requiem for a dream

  1. c’est vrai que la musique est superbe. Clint Mansell, le compositeur, nous avait deja monter ce qu’il savait faire sur « Pi », le premier film d’Aronofsky

  2. Vous n’oubliez pas quelqun là ?Oui, je sais, le film est génial, la réalisation impeccable, les acteurs formidables. Cependant, il ne faudrait pas oublier Hubert Selby Jr dans tout ça et surtout ne pas oublier que c’est lui qui est derrière cette épouvantable histoire de déchéance. Si vous avez aimé Retour à Brooklyn, je vous conseille de lire Last exit to Brooklyn….complétement fou ! Hubert Selby Jr est un écrivain de génie, qui n’est malheureusement pas assez reconnu.

  3. Mais MiKLR37 …mais tu es partout !! lol
    Sinon ce film beaucoup de gens en parle, on m’en avait fait beaucoup de critiques négatives et en ce moment je ne lis que des critiques positives…il va donc falloir que je le visionne car ce film commence à m’intriguer…
    Sinon continue ton blog comme ça moi je l’adore !

  4. Exceptionnel !Ce film ne constitue pas qu’un chef d’oeuvre formelle (images saccadées, tournage clipesque, ambiance tantôt sombre tantôt glauque), mais c’est aussi une réflexion lucide et dure sur toute sorte d’addiction (drogue, télé, sexe, etc.). Darren Aronofski nous sert un récit poignant, une longue descente aux enfers métaphorique et poétique. Alors oui ce film rend malade mais aussi nous éclaire.
    A bientôt. Très bon blog.

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