West Side Story

Roméo and Juliette Story


    La musique de Bernstein a traversé les âges et resplendit comme au premier jour dans le film de Robert Wise et Jerome Robbins. Claquements de doigts en rythme, pirouettes, pas de danse, les corps se meuvent sur la musique désormais immortelle du maître. La danse les anime et raconte leur histoire. Quelle histoire? Aussi intemporelle que sa musique, celle de Roméo et Juliette. Sur fond d’Amérique pleine d’illusions et de désillusions, un affrontement gronde. Dans la version de Shakespeare, deux familles se faisaient la guerre, ici c’est les Jets, jeunesse américaine désillusionnée, contre les Sharks, portoricains pleins d’illusions. Pris au milieu de cette haine meutrière, Roméo, ici Tony, ex-membre des Jets; et Juliette, cause de cette tragique histoire, ici Maria, soeur de Bernardo, chef des Sharks.

Le reste on le connaît. Un bal, un regard, un coup de foudre, un amour impossible, la haine, un combat sans merci, la vengeance, la mort. D’autres se seraient bornés à résumer l’histoire des deux amants maudits à ces quelques lignes, mais Wise décide d’en faire une icône: une comédie musicale. Vérone se transforme en West Side, quartier de New York ; l’action se transpose dans les années 1960. Wise a l’histoire, le cadre spatio-temporel, il ne lui reste plus que la musique, les chorégraphies et les acteurs. Bernstein, Robbins, Wood, Chakiris…Le chef d’orchestre a tous ces instruments, il ne lui reste plus qu’à écrire sa symphonie. Claquements de doigts en rythme, pirouettes, pas de danse, voici l’histoire du West Side: West Side Story.

    La rue leur appartient. Ils la connaissent par coeur, la possédent, en sont les rois. Ils sont également prêts à tout pour la garder, dernière chose à quoi ils se rattachent. Les Jets représentent la jeunesse américaine des année 60 par excellence. Désillusionnée, pleine d’amertume, fureur de vivre, ils sont l’archétype des rebelles. Jeans serrés, cheveux en bataille, attitude dédaigneuse et supérieure, la chanson Gee, officer Krupke est leur symbole. De l’autre côté, les Sharks. Portoricains immigrés, ils font face au racisme et à la méfiance des Américains à leur égard. Alors que les filles sont pleines d’illusions, les garçons, eux, comprennent vite leur erreur comme le montre la chanson America. A travers cet affrontement pour un morceau de rue, ce sont tous les problèmes d’intégration des émigrés qui se posent.Wise fait fi des tabous: on est loin du rêve américain! Dans ce climat tendu, les deux clans s’affrontent, mais la violence est supportable car chantée et dansée. Les personnages se déplacent en virevoltant, la musique accompagne leur corps qui bougent en rythme. Rien n’est saccadé, tout est fluide. Ils dansent comme ils parlent, comme ils respirent. La danse est leur moyen d’exprimer leurs émotions, leur fureur. Fureur de vivre…ou de mourir? Ce ballet aérien sauvage et gracieux est la métaphore de la rage et la colère qui les animent.Les personnages dansent leur peines, leur rêves, leur désillusions et leur colère. Mais ils sont entraînés dans une danse beaucoup trop rapide pour eux. Les évènements s’enchaînent calquant leur histoire sur celle de Roméo et Juliette. Fait plutôt rare, Wise arrive à nous détacher de l’histoire originelle, de nous la faire oublier, pour mieux nous la refaire vivre avec eux. Les chansons, aujourd’hui, grands classiques américains, se succèdent de Maria à Tonight en passant par The Jets Song et Cool immortalisant pour toujours West Side Story. L’histoire poursuit sa route. Le bal, passage clé de l’histoire, a pour but de faire rencontrer Riff, chef des Jets, et Bernardo, chef des Sharks. Mais Tony, venu sur la demande de Riff, croise le regard de Maria. Maria c’est Natalie Wood. Des cheveux châtains tombant sur ces épaules, une robe blanche enserrant ses hanches et un visage naïf et pur. Un peu de pureté dans un monde de brute, dirait-on. Kitsch et plein d’amour dégoulinant, les rencontres entre les deux amants en agaceront certains: trop romantique, trop cliché…n’empêche que les jolies histoires d’amour aujourd’hui on en fait plus que rarement, alors pour une fois un bon bol d’amour cliché sans être totalement sirupeux comme certaines comédies romantiques d’aujourd’hui est bon à prendre. Maria est entraînée malgré elle dans un monde où la violence et le pouvoir règnent. Et arrive ce qu’il devait arriver. Un amour impossible qui fera les frais de cette histoire de pouvoir, de vengeance et de frustration. L’étau se resserre sur les deux amants et les deux clans. La mort approche. La fureur se fait plus vive. Jusqu’à la rixe qui verra s’affronter Riff et Bernardo. Armés de couteaux, ils se battent avec fougue. Tony essaie de les empêcher mais l’histoire doit suivre son cours. Ainsi Riff est tué par Bernardo, tué peu après par Tony dans un accès de vengeance douloureuse. Wise poétise même la mort. Le reste serait inutile à raconter. Vengeance, douleur, peine et amour se mêlent aux musiques de Bernstein. Roméo n’est plus. Juliette est anéantie. La ville est sous le choc. Ainsi se termine l’histoire. Une histoire vieille comme le monde.

    Wise remerciera quelque temps après, l’académie des Oscars qui lui a décerné 10 récompenses avec entre autre: Meilleur film, Meilleur second rôle masculin (George Chakiris), Meilleur second rôle féminin (Rita Moreno), Meilleure lumière, Meilleurs costumes, Meilleur réalisation, Meilleure musique, Meilleur décor, Meilleur son… Oscars loin d’être volés même si les performances de Natalie Wood et Richard Beyner n’auront pas été récompensées. Néanmoins, Natalie Wood grâce à West Side Story, deviendra une actrice mondialement connue alors que Richard Beyner restera dans l’ombre. Le nom de George Chakiris et Rita Moreno, fiers de leur oscar, restera dans les mémoires même s’ils ne connaîtront plus jamais le succès. Les autres acteurs non plus ne décolleront pas mais leur prestation dans West Side Story reste et restera inégalée.

    Wise et Robbins signent un film sur les années 60, la violence, le racisme et l’intolérance des américains. Figure emblématique du cinéma américain, West Side Story verra de nombreux artistes prendre leur sources dans ce film (le clip Bad de Michael Jackson a un arrière goût de la scène dans le parking où les Jets chantent Cool). Les chansons seront également reprises, notamment par Barbra Streisand. Le verdict est clair: comédie musicale au sommet de son art, West Side Story est tout simplement un film culte du cinéma américain. Si le mot est ici trop audacieux ou mésestimé, alors rare sont les films qui pourront prétendre y avoir droit.

 

3 thoughts on “West Side Story

  1. West side story est mon film préfèré. Merci pour ce commentaire qui me montre que ne suis pas seul(e) à l’aimer… La plupart des gens disent que c’est ringard… Mais si c’est ça être ringard(e), je trouve ça plutôt agréable !!

  2. Ce film est une réussite incontestéeCe film est une pure merveille. Il a d’autant plus de mérite que, la plupart des acteurs du film sont jeunes et inexpérimentés ce qui n’empèche pas leur prestation d’être extraordinaires.

  3. nostalgieoui, nostalgie car j’avais vu ce film « West side story » en 1964 ou apres, et cette musique me rappelait un vieux souvenir; comme quoi la mémoire retient ce que l’on a aimé…Et j’ai tant désirer retrouver ce film, et cette musique, que ma quette continue pour l’orchestration de la comédie musicale dramatique Américaine !!! un grand MERCI.

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