Charlotte s’ennuie. Son mari la délaisse au profit de son job. Elle erre dans les couloirs de leur hôtel à Tokyo. Un jour, elle croise le regard de Bob. Bob est en plein dans sa crise de la cinquantaine. Il est ici pour tourner un pub. Ils sont paumés.
Une silhouette, un bar, la nuit, Tokyo, un monde…Leur monde. Celui de Bob et Charlotte. Mais également celui de Sofia Coppola. Et qu’est-ce qui se passe dans son monde? Pas grand chose. Des regards, des sourires, des amitiés...Mais c’est dans ça, dans ces petits riens que réside tout. Que toute la poésie, la magie, la beauté de ce monde apparaît. Histoire d’amitié, histoire d’amour vouée à n’exister que dans un autre univers….Et toujours ces fumées de cigarettes, ces grattes-ciels, cette perruque rose, leur errance…La lenteur, jamais insupportable, jamais génante, berce ce conte contemporain. Deux destins qui se soutiennent pour ne pas toucher le fond, qui s’aident à se relever et à se donner envie de continuer. Et Scarlett Johansson diaphane, cheveux roses coupe Mathilda de Léon, cachée derrière des volutes de fumées, fragile qui pose sa tête sur l’épaule de Bill Murray, paumé, coincé, incapable de s’intégrer. Et tous deux de vivre, de s’épauler entre humour et nostalgie, amour et amitié, tristesse et désillusions. Sofia Coppola telle une magicienne a réussi à mettre en image une rencontre qui passe entre regards et sourires. Ainsi que filmer avec beauté les paysages japonais. Et puis, inexorable, le départ, la séparation. Quelques mots chuchotés, incompréhensibles pour nous. Entre eux. Juste pour eux.
Comme eux, nous reprenons le cours de notre vie. Même si chaque rencontre marque. Celle avec le film de Sofia Coppola charme. Subsiste un soupçon de mélancolie et de nostalgie pour cet hôtel et ses occupants, à la manière de In the mood for love, le regard de Scarlett Johansson et la moue de Bill Murray. Prenez une chambre dans cet hôtel et découvrez cette superbe histoire.
Très bel article, très poétique, à l’image d’un film virtuose et lyrique.