Violence des échanges en milieu familial
David Oelhoffen, brillant réalisateur de ce premier long-métrage, filme avec maîtrise et justesse les retrouvailles entre un fils et son père. Cette rencontre leur permettra de se (re)découvrir, de s’aimer et de se haïr. L’histoire est simple, dénuée de tout artifice tant dans la réalisation que dans l’interprétation de Nicolas Giraud. La beauté du film réside dans cette intensité et cette sobriété comme dans une tragédie. Au lieu de s’étendre dans de vains effets, Oelhoffen se pose au plus près des protagonistes. Il capte les mouvements intérieurs qui agitent l’esprit du jeune Marco nous les faisant ressentir par des gros plans. Mélangeant drame et polar, Nos Retrouvailles n’est jamais larmoyant. La musique est utilisée au compte-goutte de manière à distiller l’émotion. Émotion qui nous porte sur toute la longueur du film. Ce fils, qui n’a plus rien, cherche à se rattacher à son père qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Enfin, à l’image qu’il se faisait de son père. Lui, son père, cherche un dernier espoir en son fils. Mais tous les deux se détruisent à petit feu. Un portrait de deux hommes qui redore le blason du cinéma français. La fin loin d’être surprenante nous bouleverse par sa violence, son épuration et son humanité. David Oelhoffen à travers ce portrait d’un jeune homme qui devient un homme en se détachant de son père ne laisse pas le spectateur indemne. Jacques Gamblin, jamais dans le cabotinage, campe un père faible, perdu qui extériorise ses émotions. Face à lui, Nicolas Giraud, tout en pudeur et silences, réussit un coup de maître: il se détache de l’interprétation de son partenaire pour livrer une prestation magistrale. Un nom à retenir sans l’ombre d’un doute.