Il y en a eu quelques uns de films sur le travestissement (comme Transamerica) mais celui de Neil Jordan est différent. Et magnifique. Sujet plutôt difficile à traiter, il arrive à insuffler à son petit déjeuner de l’émotion, de la poésie, de l’humour, de la naïveté et de la beauté. Son héroïne est tout cela à la fois, perdue dans ses rêves de grand amour, à la recherche de sa mère. Autour d’elle, c’est la guerre. Une violence froide et dure qui manque de la rattraper à chaque fois. En vain. Avec Kitten le monde devient rose et les horreurs de la guerre ne survivent pas à son super-parfum. Ce qui est donc beau dans ce film, c’est que jamais Neil Jordan ne tombe dans le vulgaire ou la violence. Et si Kitten se frotte au monde de la prostitution, c’est toujours avec beaucoup de drôlerie et de tendresse que se noue le destin de ce personnage haut en couleur plus femme qu’homme, aussi attachante qu’attendrissante. Une sorte de conte de fées où les oiseaux se parlent et où l’amour et l’amitié gagnent. Mais en dehors du scénario et de la mise en scène, il y a elle. Ou plutôt lui. Cillian Murphy. Grand grand grand acteur qui ne joue pas Kitten, mais la vit. Le film lui doit quasiment tout pour avoir mis une âme et un coeur gros comme ça dans Kitten.
Breakfast on Pluto est une parenthèse enchantée que nous offre Neil Jordan. Un des ces petits films passés inaperçus et qui nous rappelle que le cinéma c’est avant tout de l’émotion brute. Un grand film qui montre qu’avec des petits riens on peut faire de grands touts. Les blockbusters sans âme feraient bien de s’en souvenir: pas besoin de budget à 200 millions et d’effets spéciaux. Il suffit d’une âme et d’un coeur, très très gros.
