John Curran signe avec ce deuxième long métrage un petit bijou passé assez inaperçu. Pourtant aujourd’hui dans le cinéma américain plus de choses sont à jeter qu’à garder. Alors quand un film de cette trempe arrive sur les écrans, on ne peut que s’incliner. Le voile des illusions n’est pas un film d’action, ni un film d’aventures. C’est l’histoire d’un homme et d’une femme qui vont apprendre à s’aimer malgré leurs différences et l’adultère dont ce couple est victime. Un film tout en finesse psychologique, mais qui ne dissêque pas les sentiments avec froideur. Porté par la magnifique musique d’Alexandre Desplat, Curran brosse dans une langueur exotique le portrait de la Chine dans les années 1920 et d’un couple qui s’aime mal. Sublime photographie, décors naturels superbes…la Chine a rarement été aussi bien filmé par des étrangers. Et toujours en évitant les clichés des cartes postales. Edward Norton, trop rare, en docteur trompé, est parfait. Charismatique mais pas trop, craquant, jouant sur les toutes les nuances de sa palette, il séduit. Naomi Watts, à travers des détails subtils, s’ouvre à un monde et un état d’esprit que sa Kitty ne connaissait pas. Ravissante en brune, elle porte sur ses épaules le film avec classe. Un duo d’acteurs qui s’emparent de ce drame avec intelligence et finesse.
Le voile des illusions n’est ni un blockbuster, ni un drame dénué d’intelligence ou d’intérêt. John Curran, éveillant Kitty Fane à la vie et l’amour, signe un des plus beaux drames de l’année. Les décors (Chine des années 20), la musique (Desplat), les acteurs (Norton et Watts, en état de grâce intense), le scénario et la beauté font de ce film un beau film. Beau, dans tous les sens du terme.
J’ai vu ce film que j’ai trouvé bouleversant…de très bons acteurs pour un excellent film