Les Chansons d’amour

"Je n’aime que toi"

Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme et Louis Garrel. Bac Films

Grégoire Leprince-Ringuet et Louis Garrel. Bac Films

Au début tout va bien. Ismaël et Julie s’aiment. Et partagent leur lit avec Alice. Un ménage à trois, quoi. Sauf que Julie meurt, son coeur s’arrête, comme ça, d’un coup. Après le départ, il y a la tristesse, le chagrin, l’absence et puis pourquoi pas, l’amour une nouvelle fois…

Les Chansons d’amour cultivent l’originalité et refusent tous les à-priori qu’on pourrait avoir. Déjà, Les Chansons d’amour n’est pas une comédie romantique sirupeuse, contrairement à ce que le titre pourrait laisser entendre. Oui, le film parle d’amour. A tous les temps et dans toutes ses acceptations, aussi bien à travers l’amour à trois que l’homosexualité ou bien l’amour d’une soeur à une autre. Et surtout le film, sélectionné pour concourir à la Palme d’Or en 2007, évite tous les clichés ennuyeux, bêtes du genre. Au contraire le duo Christophe Honoré (réalisateur) et Alex Beaupain (compositeur) revisitent le genre en mêlant modernité, musiques et héritage Nouvelle-Vague. Tout ce qui paraissait incongru ne l’est pas ici. Présenté comme un film des années Truffaut/Godard, en trois chapitres, le film trouve rapidement son envol à travers les dialogues incisifs, intelligents et poétiques et les chansons de Beaupain, superbes. 14 chansons d’amour. Interprétées par les acteurs themselves. Jamais vulgaire, toujours avec une grande pudeur et de la sensibilité, Christophe Honoré intègre brillamment les passages chantés aux paroles. Les chansons sont mêmes chorégraphiés. Tout est travaillé, soigné.
Le tout, on aimerait bien l’expliquer, mais on n’y arrive pas. Il y a le Paris filmé comme jamais par Honoré, mélancolique, hivernal, poétique, vivant, humain. Il y a ces petits riens, ces petits touts. Il y a les sentiments, plein de pudeur, qui se dévoilent peu à peu. Il y a cette ingéniosité, cette modernité et en même temps une simplicité touchante. Il y a tout ce que le film ne dit pas. Il y a la mort, l’amour, la vie, l’absence, le deuil, l’amitié...Et puis il y a Louis Garrel, magnifié par Honoré. Il erre dans les rues de Paris, les "yeux au ciel", le coeur brisé. Il donne à ces Chansons d’amour quelque chose de plus, de brûlant. On ne voit que lui. Autour lui, gravite des acteurs en état de grâce : la présence éclatante de Ludivine Sagnier, la fraîcheur de Clothilde Hesme, la sensibilité de Chiara Mastroianni et la jeunesse de Grégoire Leprince-Ringuet (la révélation). On a pas tout dit des Chansons d’amour et on ne pourrait pas en avoir le temps. On peut juste saluer le talent d’Honoré, Beaupain et des acteurs, Louis Garrel en tête, fabuleux. On peut aussi être fier de nous, français, de les avoir. Les Chansons d’amour est tout simplement ce qui se fait de mieux en France et dans le reste du monde en terme de drame romantique (et plus que ça, même).

Bac Films

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