J’ai déjà dit tout le bien que je pensais d’Inarritu après avoir vu le magnifique Babel. Après la vision de 21 grammes, force est de constater que je ne peux que m’incliner une nouvelle fois. Apre, dur, le film s’écarte de tous artifices pour aller vers une réalité brut. Mélangeant habilement passé, présent et futur, le film se dévoile au fur et à mesure que l’on reconstruit le puzzle. Un puzzle de trois destins qui se heurtent à la suite d’un tragique accident. 21 grammes se vit comme une plongée en apnée. On arrive à respirer qu’à la fin. Il faut dire que le film tord, broie, écrase le coeur. Il n’y a pas de violence physique, mais la violence psychologique omniprésente nous maintient dans une atmosphère oppressante, tendue et bouleversante. Il y a Naomi Watts qui dévoile ici une fragilité et une souffrance inommable, Sean Penn toujours juste dans l’émotion mais qui grave son regard dans notre esprit et Benicio Del Toro d’une force et d’une aura impressionnante. Tous trois sont au service de leurs personnages, hantés par leurs douleurs, leurs fêlures. Imparfaits et humains. Inarritu sait mieux que personne orchestrer des films choraux au goût de souffre. A dire vrai, il n’y a que trois ou quatre films du même genre que 21 grammes. Malheureusement et heureusement à la fois. Malheureusement parce que ça serait bien que le cinéma produise moins de navets et plus de grands films, ceux qui sont faits avec l’âme et le coeur. Heureusement parce qu’on aurait du mal à supporter beaucoup de films comme 21 grammes, des films de cette ampleur qui laissent K.O, au point qu’on met longtemps à s’en relever. A apprécier donc encore plus pleinement quand on sait que le film de Alejandro Gonzalez Inarritu fait partie d’un cinéma rare.