Passé (presque) inaperçu entre le héros de fer (Iron Man) et les comédies made in France Le grand alibi et 15 ans et demi, Deux jour à tuer mérite plus d’attention. Parce que sous le pitch plutôt réducteur, sommeille un drame bouleversant. Jean Becker ne brode pas, nous fait entrer directement dans le film. Où un homme gratte le vernis jusqu’au sang en sabotant tout. Au début, ses répliques sont drôles, et puis le malaise s’installe un peu. Ca en devient carrément dérangeant lorsqu’il dit à ses enfants que leurs dessins pour son anniversaire ne sont pas parfaits et qu’il se moque d’eux. Mais la perversité atteint des sommets lors du dîner d’anniversaire avec ses amis. Scène d’une grande violence psychologique, dérangeante et titillant là où ça fait mal, en disant ses quatre vérités à une société où l’argent et l’hypocrisie règnent en maîtres. Après cette scène, le film prend un tournant plus mélancolique, plus calme, mais non dénué d’émotions. Pour la fin, on ne la dira pas. La résolution de ce drame torturé en cueillera plus d’un, certains découvriront le pourquoi du comment avant (personnellement, j’ai trouvé au bout de vingt minutes de film la fin), mais le plaisir n’en sera pas pour autant gâché. Surtout que jusqu’au bout, Antoine Dupontel, aussi à l’aise avec les personnages loufoques que ceux plus torturés, épate. Sa prestation est magnifique entre cruauté et émotion à fleur de peau. On ne peut le détester, en fin de compte, il montre du doigt ceux que les autres refusaient d’admettre. Marie Josée-Croze, sur le fil sensible, est là, dans l’ombre, blessée et aimante. Pierre Vaneck, lui, en vieux aigri, s’impose face à un Dupontel magistral. Du cinéma d’auteur et d’acteurs.
Si vous hésitiez entre Iron Man ou autres, choisissez Deux jours à tuer, véritable tour de force, porté par la musique de Reggiani (écoutez bien les paroles) et des acteurs bouleversants. Et lorsqu’il sortira en dvd, n’hésitez pas à le revoir, cette fois-ci du point de vue d’Antoine…
Je viens juste de finir le livre dont est tirée l’adaptation, et du coup, je pense que Becker même s’il a réalisé un beau film, n’a pas su retranscrire tout le malaise du bouquin. Le livre va beaucoup plus loin et d’ailleurs il n’y a pas tout le passage avec le père à la fin. C’est un peu une mise en image édulcorée! Bref, je conseille la lecture du livre pour se faire une seconde opinion.