Les Enchaînés

Notorious

Alicia est la fille d’un espion nazi condamné par les Américains. Elle, elle préfère boire et organiser des réceptions qui tournent à la beuverie. Elle est approchée par Devlin, un américain séduisant, qui se révèle être un espion à la solde des Américains. Il propose à Alicia de travailler pour eux, et ainsi, d’oeuvrer contre le mal que son père a fait. Elle accepte. Ils tombent amoureux sans se le dire, poussant l’autre à souffrir, un amour interdit du fait de la mission d’Alicia: épouser un ancien ami de son père pour découvrir ses secrets.

Les Enchaînés est peut-être un des films les moins connus du maître Alfred Hitchcock. Et pourtant sa sensualité n’a pas d’égal, ni dans La mort aux trousses, ni dans Fenêtre sur cour. Loin d’être sage, ce chef d’oeuvre du cinéma parle de prostitution mais sans jamais le nommer – ce qui aurait été interdit à l’époque. Certes Alicia épouse cet homme par patriotisme pour le faire tomber, mais cela reste toujours une prostitution poussé par l’homme qu’elle aime. Le film est noir et sombre, et les personnages semblent réellement "enchaînés" à leur position. Ils ne semblent pas pouvoir s’en sortir. Un amour auto-destructeur qui les ronge à petit feu, qu’ils se refusent à vivre. L‘amour et la haine s’entremêlent. Mais Hitchcock qui réalise ici une de ses plus belles histoires d’amour, mais aussi une des plus sombres, n’oublie pas son sens du suspens, et distille à petite dose une atmosphère irrespirable pour ces êtres qui se débattent. On admirera une nouvelle fois son sens de l‘esthétique (magnifique photographie) et sa mise en scène qui s’apparente autant à une leçon de cinéma qu’à une mine d’or de créativité. Des thèmes chers au réalisateur sont mis en avant (la mère dont Alex a du mal à se détacher, la boisson ici thème principal, l’amour). Comme tous les films d’Hitchcock s’est un film d’auteur mais également, et celui-ci plus particulièrement un grand film d’acteur. Cary Grant, décidément un des plus grands acteurs du cinéma, a toujours autant la classe mais a ici plus de réserve et de charme vénéneux. Comment ne pas l’aimer? On a qu’une envie: le secouer pour le sortir de cette réserve muette puis l’embrasser. Ingrid Bergman, toujours aussi belle, se noie au fur et à mesure, magnifique, sensuelle, avec ses grands yeux qui ferait pleurer n’importe qui. Leur couple est sans doute l’un des plus beaux du cinéma dans ce mélange amour/haine qui en fait une relation passionnelle, de corps à corps. Deux corps qui se frôlent, sans se dire qu’ils s’aiment. Elle, se vendant à un autre pour l’homme qu’elle aime. Bouleversant et empoisonnant.

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