Entre les murs

Un an dans la vie d’un prof

François Bégaudeau. Haut et Court

Entre les murs d’un collège, l’histoire d’une classe de 4e et de leur prof de français, M.Martin.

Lorsqu’il gagne la Palme d’Or en 2008 (décernée par Sean Penn), le public est plus que sceptique. Un film français sur l’école, il y a de quoi s’interroger. En septembre, lors de sa sortie en salles, une chose est sûre, Sean Penn et son jury ont bien fait de le primer. Le film de Laurent Cantet, filmé caméra à l’épaule, n’est pas un film sur l’école, tout bêtement. Entre les murs c’est un film un peu documentaire, presque un huit clos qui ne sort (quasiment) pas des murs du collège, un film sur la société actuelle, la jeunesse, le système d’éducation et qui pose beaucoup beaucoup de questions, notamment sur l’immigration, les papiers, le racisme, les limites de la relation prof-élève. On mentirait en disant qu’on s’ennuie. On plonge dès les premières secondes dans l’histoire, sans s’en défaire, sans en sortir. Jusqu’à la fin, qui laisse plutôt sur les fesses. Parce que Cantet et Bégaudeau ne cherche pas à juger, ils ne disent jamais que la faute est celle des élèves, des parents ou des profs. C’est la faute à tout le monde et à personne en même temps. Les élèves font et disent des choses qu’ils ne devraient pas faire ou dire, certains s’enfonçent dans leur médiocrité et refusent toute forme d’autorité, les profs (ici le prof, M.Martin) n’a parfois pas le bon comportement, le système éducatif est aussi pris en faute…On s’occupe de certains élèves en difficulté au détriment des autres, plus silencieux, mais tout aussi en difficulté. Il y a le problème des nationalités, des langues, du racisme, surtout entre élèves. Elèves qui réclament à corps et à cris le respect du professeur mais qui ne respectent personne, pas même leurs camarades, qu’ils n’hésitent pas à chambrer au moindre faux pas. Il y a le professeur à bout de forces de se battre pour leur enseigner quelque chose qu’ils rejettent, le prof en colère, attentif, qui s’intéresse à ses élèves, qui les "charrie", qui fait des erreurs et qui reste K.O lorsqu’une élève lui sort qu’elle a lu La République de Platon. Car le prof est humain, il n’est ni à mettre sur un pied d’estale, ni à mépriser. A la fin du film, on est même plus que jamais admiratif de ses personnes qui se battent contre vents et marées, contre l’élève lui-même qui refuse d’accepter le savoir qu’ils tentent de transmettre. Mais une des grandes forces d’Entre les murs est de montrer aussi l‘autre-côté du miroir, les réunions entre profs, les profs qui pètent les plombs, les conseils disciplinaires, les conseils de classe…Porté par un François Bégaudeau en grande forme et des élèves surprenants de justesse, Entre les murs dresse surtout un constat pessimiste de la société actuelle. Laurent Cantet ne cherche pas à donner de leçons, il ne donne pas la solution miracle, mais il renvoit à la face du public (élèves, profs, parents, adultes, n’importe qui de n’importe où) que non tout ne va pas si bien que ça, que tout n’est pas la faute aux profs et que tout reste à faire, de tous les côtés. Si tout le monde s’y met, peut-être la situation pourrait changer. Si seulement….

Haut et Court
 

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