James Gray n’a réalisé à ce jour (fin 2008) que 4 films, dont un pas encore sorti en salles. 7 ans avant La nuit nous appartient, Gray montrait déjà à quel point son cinéma est influencé par les films noirs. The Yards est un grand polar, relativement méconnu, qui dresse le portrait d’une famille corrompue qui va s’entraîner elle-même dans sa déchéance. Dépouillé de scènes inutiles, il ne reste plus que l’envie d’un homme de revenir dans le droit chemin (comme dans La nuit nous appartient, ce que plusieurs personnes avaient décriés) malgré la tragédie qui se noue. Accents scorsésiens et shakespeariens, The Yards est sombre, dramatique, entraînant ses personnages toujours plus bas, ne leur laissant aucune échappatoire. James Gray joue avec la lumière (la photo et l’esthétique sont superbes) pour faire un film qui tire plus vers le noir que vers la lumière, faisant apparaître des héros (anti-héros?) gris. Le rythme du film est tendu, sur le fil, jusqu’à la dernière scène, où sa caméra se pose dans un plan fixe pendant une ou deux minutes, le temps de nous achever correctement. Mark Walhberg et Joaquin Phoenix sont excellents, ainsi que Charlize Theron, bouleversante (notamment dans une des dernières scènes du film avec Phoenix). Le cinéma américain tient là un réalisateur digne des grands maîtres du polar, qui à travers The Yards et La nuit nous appartient à réaliser deux des plus belles tragédies du cinéma contemporains.
The Yards
Les entrepôts de James Gray
Leo vient de sortir de prison. Lorsqu’il revient chez sa mère, il est bien décidé à ne pas faire de vague. Mais son ami Willie, qui bosse pour son oncle, l’entraîne dans un monde de corruption, de violence, où seul l’argent est maître. Mais une nuit, un sabotage se passe mal et Leo se trouve en mauvaise position…