Blindness

Attention les yeux

Mark Ruffalo et Julianne Moore. Pathé Distribution

Gael Garcia Bernal. Pathé Distribution
 

Imaginez un monde où une terrible épidémie de cécité aveuglerait tous les êtres humains…sauf une, la femme d’un ophtalmologue. Mis en quarantaine dans un endroit désaffecté, les « aveugles » doivent survivre par leur propre moyen. Le drame vire au cauchemar, à l’horreur. La femme du médecin va tenter de les aider, de leur montrer la voie…mais quel sera le prix?

Il y a des évidences, comme ça. Blindness en est une. L’évidence que le cinéma contemporain réserve de belles surprises, des films non-formatés, qui osent tout, notamment aller très loin dans la déchéance humaine en montrant des humains plus si humains que ça. Blindness parle de déshumanisation, de comment l’homme bascule rapidement dans une animalité sauvage violente, régi par le corps et les pulsions. Mais le film de Fernando Meirelles parle aussi de la vue, évidemment, que ce n’est pas parce qu’on voit qu’on voit forcément tout et le plus important. Il y a toute une réflexion là dessous. A s’en donner mal à la tête. Et pourtant le film, bien que complexe, n’en est que plus simple, car parlant de l’humanité dans son inhumanité. La mise en scène, très originale, transpire le malaise. C’est un film dérangeant, presque malsain. De là le contrepied de Meirelles de faire un film lumineux, oui lumineux, malgré la noirceur des coeurs et de l’histoire. La violence est forte, trop parfois. Le risque de ce film aurait été de la banaliser, et certains spectateurs le feront, trouveront sans doute le film innocent. Meirelles, lui, crée une telle atmosphère qu’on ne peut dire que le film est « facile et pas vraiment inhumain ». Blindness questionne aussi sur l’homme, sur son humanité, sur la violence qui l’anime (même Julianne Moore, seule voyante, qui se déshumanise au fil du temps), sans donner de réponses, ni même épinglé l’homme. Il questionne, questionne et nous laisse sur une réflexion qui nous dépasse. Malgré tout, malgré le fait que Blindness soit d’une noirceur atroce, pessimiste, Fernando Meirelles conclue son film sur une note d’espoir.
Le casting mélangeant les nationalités est parfait: Julianne Moore, lumineuse, magnifique de détermination, de forces mais aussi de fissures (in)visibles; Mark Ruffalo génial, Gael Garcia Bernal qui a le rôle le plus dur car celui qu’on déteste, Alice Braga gracieuse et belle et Yusuke Iseya excellent….
Comme A.G.Inarritu et Alfonso Cuaron, Meirelles n’hésite pas à malmener l’être humain et le spectateur et pose des questions fondamentales sur l’humanité. Ca fait peur. Mais ce qui fait encore plus peur c’est que des cinéastes comme lui arrêtent le cinéma. Blindness est donc une évidence, l’évidence que le cinéma continue de malmener le spectateur. Une belle évidence.
 

 

 

 

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