Il va y avoir du sang. Paul Thomas Anderson nous prévient tout de suite. Ce qu’il ne nous avait pas dit, était que son film était une vraie perle. Un cinéma américain exigeant, d’auteur et qui renoue avec les grands films classiques. On pouvait sentir l’ombre de Géant (de George Stevens, avec James Dean, Elizabeth Taylor et Rock Hudson) mais il n’en est rien. P.T.Anderson se concentre sur l’homme, Daniel Plainview, ambitieux, « père » de famille, homme d’affaires rongé par la compétition, la violence latente et la folie. Un personnage magnifiquement et terriblement fascinant. Pour accompagné la chute (morale notamment) de son personnage, le cinéaste américain réalise un film d’une beauté visuelle époustouflante et d’une bande son oppressante. Si le début, quasi-muet, peut paraître un peu long, il est compensé par le reste du film au souffle puissant, destructeur. Une petite merveille d’ingéniosité qu’il faut voir plusieurs fois pour tout comprendre et prendre connaissance de tous les détails. Car P.T.Anderson n’aime pas « parler » pour ne rien dire et son film n’explique pas tout explicitement (ambiguïté Paul/Eli).
Le magnat du pétrole, Daniel Plainview, est montré dans toute son ambiguïté lui aussi: un homme bouffé par l’argent et le pétrole. Un homme qui devient un « monstre ». Terrifiant. Pour l’interpréter, il ne fallait rien de moins que le grand Daniel Day-Lewis qui livre une prestation phénoménale (récompensée par un Oscar). Face à lui, la révélation de Little Miss Sunshine fait des merveilles: Paul Dano, c’est son nom, retenez-le, il est incroyable, le seul à tenir face au « monstre » Day-Lewis.
L’argent contre la religion. Le pétrole contre la foi. Le prospecteur dévoré par l’argent contre le prêtre dévoré par le fanatisme. Le combat sera sanglant. Et fascinant aussi. Une leçon de cinéma qui risque de marquer le cinéma contemporain. Un film fait dans le sang et le pétrole. Un film moderne mais se déroulant dans une autre époque. C’est à ça qu’on reconnaît les grands films: savoir être intemporel. There will be blood l’est, assurèment.
Oh la la mon dieu, je l’ai toujours pas vu !!