Le Meilleur du cinéma 2008

Cette année aura été une année riche en surprises, films, coups de cœur et coups de gueule. Année noire également: 2008 aura vu s’éteindre les regrettés Heath Ledger, Paul Newman et Guillaume Depardieu, pour ne citer qu’eux. Le cinéma pleure. Mais le cinéma rit aussi. Le cinéma saigne, souffre, aime, haït, rend hommage…Bref tout un programme que 2008 aura remplit à la perfection…

Meilleurs films 2008

1 – Into The Wild de Sean Penn avec Emile Hirsch, Jena Malone, Catherine Keener, Marcia Gay Harden, Kristen Stewart, Vince Vaughn

 Sean Penn réalise un film coup de poing. Pas de violence, pas de scènes choquantes, juste un jeune homme qui part en Alaska. Dépouillé de tous artifices encombrants, ne laissant que les paysages naturels et lui, Christopher Chandless (Emile Hirsch, excellent), le réalisateur dresse le portrait d’un homme, de la société et d’une nature attirante, belle mais dangereuse. L’œuvre ne ressemble en rien aux canons hollywoodiens. Libre, un brin rebelle, Into The Wild est un film majeur du cinéma contemporain. Surtout parce qu’au lieu de crier « envoyez tout en l’air, partez en pleine nature, éloignez vous de la civilisation », Sean Penn préfère la subtilité. Au bout du voyage, le jeune héros se rendra compte que la solitude n’est pas la meilleure chose et que les autres, ces autres que l’on aime et que l’on déteste, ces autres qui nous manque et à qui l’on manque, sont peut être la clé du bonheur. Le grand film de l’année, injustement boudé aux oscars.

2- Hunger de Steve McQueen avec Michael Fassbender

Becker Films International

Peut-être le film le plus audacieux de l’année. Aux discours bavards mais inutiles, Steve McQueen vidéaste noir dont c’est le premier long, préfère frapper fort, d’un grand coup de poing en livrant une œuvre dépouillée sur des corps en guerre. Dans la prison froide et grise de Maze, les détenus de l’IRA se battent pour qu’on leur reconnaisse un statut politique à part. Barbouillent leur murs de merde, vivent dans la saleté et l’urine, n’ont pour vêtement que des couvertures. On pressent le misérabilisme, il n’en est rien. La réalisation clinique, travaillée sur l’esthétisme expérimentale, chacun de ses plans magnifiant un quotidien crasseux empêche tout écueil indécent, qui ferait tache. Il n’y a plus que des corps se battant pour leurs idéaux, le corps de Bobby Sands en premier (Michael Fassbender, grand acteur en puissance). La grève de la faim il la fera, jusqu’à la mort. Le corps se tord, s’amaigrit, se troue, souffre. Il est en guerre, qu’on se le dise. Un films des plus importants de l’année.

3- L’Echange de Clint Eastwood avec Angelina Jolie, John Malkovich

Universal Pictures

Clint Eastwood n’épargne pas l’humain, il préfère le montrer dans son toute son ambivalence, sa force et sa faiblesse, ses crimes et ses bonnes actions. Avec L’Echange, il met en scène une mère dont l’enfant disparaît. La police de L.A, corrompue et de mauvaise réputation, arrive au bout de plusieurs mois de recherche à retrouver l’enfant. Erreur: ce n’est pas lui, clame Angelina Jolie, bouleversante. Personne ne la croit, on veut la faire taire, on l’enferme. Pendant ce temps, un serial killer court et tue. On frissonne. Les monstres sortent de leur tanière, même le jour. Personne n’est à l’abri. Les monstres se sont eux, la police, les humains, les autres, les enfants même. La perte de l’innocence, terme cher à Eastwood est puissant dans ce film. On pensait assister à un mélo classique, on se retrouve face à un drame un peu polar aux ombres glaciales et noires. Une sorte de cauchemar illuminé par Angelina Jolie.

4 – The Dark Knight de Christopher Nolan, avec Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Maggie Gyllenhaal, Gary Oldman et Morgan Freeman

Affiche teaser américaine (HD). Warner Bros.

Alors qu’il était attendu comme le blockbuster de l’été, le film de Christopher Nolan se paie le luxe d’être le plus grand film de super-héros jamais réalisé à ce jour et certainement un grand film sur le mal et le bien. Dégommant tous les préjugés et les clichés du genre, son Batman est plus une fresque vibrante et tragique sur la paranoïa, le pouvoir, le mal et les ambivalences de l’être humain. Noir et pessimiste, The Dark Knight entre dans les grands polars et plus dans les divertissement de super-héros. Parce que le mythe du héros est (enfin) écorché. Parce que Gotham, ville viciée et corrompue, rappelle les grands films noirs. Parce que les personnages ont la belle part. Parce que les acteurs sont excellents. Parce que le mal est magnifié. Le Joker (Heath Ledger) est fascinant de perversité. De sa voix, son rire à sa façon de bouger. Il est l’âme noire et terrifiante de ce chef d’œuvre du genre. Harvey Dent (Aaron Eckhart), personnage complexe et double, est excellent. The Dark Knight remet en question tout ce qui a été fait avant sur les super-héros, et c’est une très bonne nouvelle. Peut-être une des meilleures de l’année.

5 –  Sweeney Todd de Tim Burton avec Johnny Depp, Helena Bonham Carter 

Affiche américaine. Warner Bros.

On savait que Tim Burton était un peu gothique (Sleepy Hollow, L’étrange noël de Mr. Jack, Edward aux mains d’argent…) et qu’il aimait les marginaux. Normal alors que son petit dernier en date parle d’un barbier coupant les gorges en attendant de se venger d’un homme de loi qui lui a volé sa femme et l’a envoyé en prison. Aidé d’une cuisinière éprise en secret de lui, ils déguisent les meurtres en faisant des victimes…des tourtes. Voilà pour l’intrigue. Si on vous dit que le film est un mélange de film d’horreur (appuyé et pas vraiment gore) et de comédie musicale, vous pensez que Sweeney Todd est un ovni. Et il l’est. Pourtant cet opéra noir et sanglant, à l’atmosphère immorale et sombre, aux personnages déjantés mais attachants, aux musiques entraînantes, fait de ce conte pour adulte un bijou noir du cinéma. Enchanteur. Si vous aimez Tim Burton, Johnny Depp et Helena Bonham Carter, formidables, vous tomberez sous le charme de ce film hors-normes. Les autres seront plus peut être plus réfractaires, mais une chose est sûr, ce Sweeney Todd s’inscrit dans les meilleurs films du cinéaste américain.

6 – The Darjeeling Limited de Wes Anderson avec Owen Wilson, Adrien Brody, Jason Schwartzman et Natalie Portman

Affiche américaine. Fox Searchlight Pictures

Wes Anderson n’est pas un réalisateur « productif » dans le sens où il ne sort pas un film tous les ans. Donc il faut apprécier chacun de ses films à leur juste valeur. Dans Darjeeling Limited il plonge trois frères qui ne se sont pas vus depuis longtemps en plein voyage initiatique en Inde. C’est drôle, c’est beau, c’est poétique et drôlement juste. Chaque réplique fait mouche. Chaque détail participe à une œuvre colorée qui cache un cœur gros comme ça. Une petite merveille qui fonctionne miraculeusement: on ressort de là le cœur léger et l’envie d’embarquer avec Owen Wilson, Adrien Brody et Jason Schwartzman.

7 – No Country for old men des frères Coen, avec Javier Bardem, Josh Brolin, Tommy Lee Jones Woody Harrelson

Affiche américaine. Paramount Pictures

C’est un peu leur année aux Coen. L’Oscar du meilleur film en février pour leur polar décalé No country for old men et la sortie de Burn After Reading, comédie décalée (encore) et hilarante. On retiendra surtout le premier, western contemporain où trois destins se croisent dans une Amérique violente et désenchantée. Josh Brolin a trouvé de l’argent et fuit. A ses trousses le tueur le plus impitoyable du pays, Javier Bardem (excellent tant il fait peur) et sa coupe impossible. Tommy Lee Jones, policier usé, tente d’aider Brolin, en vain, et regarde de loin le massacre qui s’annonce. C’est un brillant jeu du chat et de la souris, plein de suspense et d’inventivité, de décalage et d’humour noir. Une grande réussite plus profonde que certains peuvent le penser.

8- Two Lovers de James Gray avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw

Wild Bunch Distribution

L’amour c’est compliqué. Oui, ça on savait. Mais là c’est James Gray derrière la caméra. Avec lui, nul risque de tomber dans le romantisme mielleux. Au contraire, Leonard, jeune homme suicidaire et dépressif après une rupture douloureuse, se trouve coincé entre deux femmes: sa voisine, Michelle, joliment instable et aussi fragile que lui dont il tombe follement amoureux, et Sandra, choisie par ses parents, douce et voie de sa raison. De ce postulat (pas vraiment original, j’en conviens mais…), le maître du polar noir contemporain en extrait une tragédie noire de fièvre et de passion sur des personnages humains, donc qui souffrent et qui font souffrir. Joaquin Phoenix est magnifique: de sa silhouette pataude et un peu lourde, dans son gros anorak, il promène son corps fragile d’homme encore gamin avec une grâce épatante.

9 – There Will Be Blood

de Paul Thomas Anderson avec Daniel Day-Lewis et Paul Dano

Affiche teaser américaine. Miramax Films

Sorte de monument du cinéma, There Will Be Blood est un beau film tirant ses racines de films tels que Géant pour se les approprier et nous livrer une réflexion sur l’ambition, la folie, la paranoïa et l’être humain. Si le début, muet, peut déstabiliser, le reste enchante par sa puissance. Daniel Day-Lewis est incroyable, monstrueux, sorte de géant bouffé par l’ambition et la folie. Face à lui, s’impose un Paul Dano renversant en prêtre ennemi de Day-Lewis. Ambition contre religion. Un grand combat qui finira…dans le sang. La dernière scène est tout simplement magnifique. A ne pas manquer car l’année prochaine, ce n’est pas impossible qu’aucun film ne se hisse à son niveau.

10 – Reviens-moi de Joe Wright avec James McAvoy, Keira Knightley, Saoirse Ronan, Romola Garai, Vanessa Redgrave

StudioCanal

Adapter le grand roman Expiation de Ian McEwan n’était pas une mince affaire. Joe Wright qui avait déjà mis en scène Orgueil et Préjugés de Jane Austen s’attaque donc à ce monument de la littérature anglaise, inadaptable à priori. Pourtant le résultat, classe et sensuel, tire le meilleur de l’œuvre littéraire. Le cadre bourgeois anglais, anxiogène et étouffant, est bien rendu ainsi que les scènes de guerre (le travelling sur la plage de Dunkerque, remarquable). Si Wright a soigné sa mise en scène (certaines scènes ressemblent à des tableaux), il n’oublie pas le principal: les acteurs. Car Expiation est un livre de personnages, donc nécessité d’avoir recours à de grands acteurs pour retranscrire les élans de leur cœur et leurs états d’âme. Keira Knightley et James McAvoy sont magnifiques en amants maudits. A saluer également la jeune Saoirse Ronan dans le rôle le plus difficile: celui de Briony, petite fille de 13 ans qui, ne comprenant pas ce qui se passe, va les entraîner tous les trois dans une spirale infernale et destructrice. Joli réussite pour ce mélo pas cul-cul mais terriblement subtile et grave.

11 –  Blindness de Fernando Meirelles, avec Julianne Moore, Mark Ruffalo, Gael Garcia Bernal

Le film n’a pas été apprécié à sa juste valeur au Festival de cannes et a vu sa sortie repoussée maintes fois. A tort. Blindness n’est pas le genre de film qu’on a l’habitude de voir, et c’est tant mieux. Il bouscule autant notre moralité (que ferions-nous si nous devenions aveugle? Deviendrons-nous des bêtes?), l’humanité (l’homme qui se déshumanise pour devenir un animal) et le cinéma (traitement de la lumière, plans cut…). Fernando Meirelles a su capté l’horreur de cette situation: le postulat de départ ressemble aux films catastrophes qui déferlent sur nos écrans depuis quelques années, mais Meirelles va bien plus long qu’eux, osant tout.  Autant dire qu’il ne brosse pas dans le sens du poil, que vous ne trouverez pas de « héros » sauvant la planète, ni de solidarité humaine plus forte que tout. Ca fait peur de se dire que l’humain est capable de ça. Le film, lumineux, alors que son histoire est d’une noirceur écœurante, pose beaucoup de questions, auxquelles il ne répond pas forcément, mais permet de se placer en miroir de notre société actuelle.

12- Juno de Jason Reitman avec Ellen Page, Olivia Thirby, Michael Cera et J.K.Simmons.

Il y a autre chose que les comédies grivoises façon Supergrave ou En cloque mode d’emploi. La preuve en image avec Juno, comédie sur une jeune fille de 16 ans qui tombe enceinte et décide de garder le bébé. Autant dire tout de suite que si on marche à fond (le film a même été nominé aux oscars catégorie Meilleur film) c’est grâce à l’actrice principale, Ellen Page, génialissime. Elle est de toutes les scènes et transmet sa bonne humeur communicative…ainsi que ses doutes. Après tout, c’est encore une enfant, une adolescente. En parlant d’un sujet plutôt sensible (notamment aux USA), Reitman (à qui l’on doit le réussi mais pas assez corrosif Thank you for smoking) tisse avec finesse les 9 mois de grossesse d’une ado américaine en la confrontant à la famille, l’amour, être adulte, l’amitié…et toutes ces petites choses qui comptent pour un(e) adolescent(e) d’aujourd’hui.

13 – La Belle Personne de Christophe Honoré avec Louis Garrel, Léa Seydoux, Grégoire Leprince-Ringuet

 Après sa réussite Les Chansons d’amour, Honoré revient avec un film plus calme, moins musical, en apparence (seulement). Derrière cette cour de lycée où une jeune fille nouvellement arrivée sort avec Otto, se cache un drame sensuel, subtile, tout en mots tus et regards passionnés. Car Junie (c’est son nom) est en vérité folle amoureuse de Nemours, son prof d’italien. Passion impossible, car la jeune fille la refuse, ne voulant pas y succomber et souffrir quand il la quittera pour une autre. Le reste ne se dit pas, se regarde à travers les gestes, des paroles murmurées ou volées, des étreintes coupables et des baisers vénéneux. Plane là-haut le spectre de Truffaut. Cette adaptation moderne de La princesse de Clèves n’a pas souffert du passage d’époque. Christophe Honoré réalise un film moderne et classique à la fois, où ses personnages souffrent d’amour. Louis Garrel, visage mélancolique, est un acteur remarquable et renversant. Il donne une odeur de souffre et de passion brûlante à un excellent film français.

14- Le Silence de Lorna des frères Dardenne

Avec L’Enfant les Dardenne livrait une œuvre épurée, forte et sensible sur un couple de jeunes adultes devenant parents trop tôt. Avec Le silence de Lorna, ils n’atteignent pas les sommets de leur Palme d’or L’Enfant mais parle toujours aussi bien d’humains. Pour avoir la nationalité belge, Lorna une jeune albanaise a dû contracter un mariage blanc avec un jeune drogué au bord du gouffre. La suite du plan? Mort du drogué par overdose, Lorna est libre, elle peut ouvrir son snack avec son vrai amoureux Fabio. Sauf que voilà, ce drogué, campé par Jérémy Rénier, il est sublime de fragilité et il veut s’en sortir…Une seule solution: le tuer. Beau et triste film, Le Silence de Lorna pose le problème de l’intégration et offre comme un reflet de notre société actuelle (un peu à la manière d’un Ken Loach).

15 –  Entre les murs de Laurent Cantet

Haut et Court

La palme d’or cette année c’est elle. Décernée par le grand Sean Penn, Entre les murs, petit film français que personne n’attendait à rejoint le panthéon des plus grands. A la vision du film, il faut en venir au fait, que oui, Sean Penn avait raison. Film social se plaçant dans un collège, il va plus loin en montrant du doigt l’intégration, le racisme, la violence et la vulgarité, la société, les jeunes, l’éducation…Tout quoi. Et montre aussi que nous allons dans le mur, et bien, même, si ça continue comme ça. Entre les murs est un film universel car il parle le langage de tous: celui du cinéma et de l’humanité.


Mais aussi:
 Twentieth Century Fox France Paramount Pictures France Affiche américaine. Walt Disney Studios Motion Pictures France

  Affiche teaser américaine. 20th Century Fox StudioCanal

Gaumont Distribution  Affiche anglaise. FilmFour Ltd  Affiche américaine. Focus Features

Meilleurs Acteurs 2008

1-  Michael Fassbender – pour Hunger

 Acteur de choc et de corps. Son corps, Michael Fassbender, l’avait prêté à Ozon dans Angel où il incarnait le mari dépressif de l’héroïne puis à Synder pour 300, film de guerre fantastique et historique révolutionnaire sur le plan esthétique. Cette année, son corps devient un champ de bataille pour les besoins de Steve McQueen. De sa première apparition, barbe de plusieurs semaines, cheveux longs sales et corps bestial, à sa dernière, si maigre qu’il ne tient plus debout, après 66 jours de grève de la faim, Fassbender est renversant, notamment dans un plan séquence de 20 minutes où il affronte un prêtre dans un duel verbal qui va faire date. Ceux qui ne connaissaient pas son nom (qui a bien pu passer à côté?) l’apprennent par cœur. Michael Fassbender. Nul doute qu’on va encore entendre parler de lui.


2- Heath Ledger – pour The Dark Knight

 On avait tellement hâte de le découvrir en Joker dans The Dark Knight, qu’on est assommé lorsque l’on apprend sa mort à seulement 27 ans. Digne d’un James Dean. Overdose, intoxication médicamenteuse…des rumeurs circulent et commencent à ternir l’aura du jeune acteur qui avait explosé dans Brokeback Mountain. Sur l’écran, le 13 août, on ne voit que lui, il est là, bien vivant, maquillé façon Joker, désinvolte, fou, assassin, un brin vampirique et fascinant comme personne. Un des méchants les plus fascinants de l’histoire. Parce que dessous le maquillage, il réussit à montrer un semblant de cœur pour un personnage qui n‘est pas sensé en avoir, il le fait vivre de toute ses forces, corps et voix comprises, allant jusqu‘à lui donner son âme. Magicien le garçon? Non, juste un grand acteur qui aurait pu donner encore beaucoup. Le destin a voulu qu’il s’arrête au Joker, dernier rôle complet de l’australien. Son plus réussi aussi. R.I.P

3- Emile Hirsch – pour Into the wild

Sean Penn a eu du flair. En confiant à Emile Hirsch, 22 ans, déjà vu dans The girl next door, le rôle principal de son drame Into the wild, il lui offre le rôle de sa vie. Parce que même si Hirsch croise plusieurs personnages au cours de son voyage jusqu’en Alaska, c’est lui la star, c’est lui la  personnage central. Il est de toutes les scènes. Penn lui fait quitter père et mère, l’envoit sur les routes avec juste un sac à dos, lui fait faire du kayak sur des eaux tempétueuses, le fait changer la vie d’inconnus pour enfin, lui faire accéder à son rêve: l’Alaska, seul, dans la nature. Hirsch endure tout, sans se plaindre, en portant tout sur ses frêles épaules. Il a 22 ans et la vie devant lui.

4- Joaquin Phoenix – pour Two Lovers

 On l’aimait déjà beaucoup Joaquin Phoenix. Acteur rare, qui nous enchantait de sa voix dans Walk the line, et qui privilégiait films d’auteurs et personnages complexes (La nuit nous appartient, The Yards, Le Village, Signes, Gladiator…), on le redécouvre dans Two Lovers. Grand gamin de 30 ans, le cœur brisé et recollé comme on peut, il se perd entre deux femmes, sa voisine qui a une liaison avec un homme marié, et sa petite amie que ses parents lui ont fait rencontré. La passion contre la raison. Il est renversant, on ne voit que lui, on ne veut voir que lui. Il est rempli de souffrance, de peurs, de désirs et de fragilité. Lorsqu’il dit vouloir arrêter le cinéma, on a peur de cette douloureuse perte: prions que Gray le ramène dans le droit chemin à coup de rôles aussi passionnants que celui-ci et ceux de The Yards et La nuit nous appartient.

5 – James McAvoy – pour Reviens-moi, Penélope, Wanted

 Cette année, l’acteur écossais est à l’honneur avec pas moins de 3 films. Il est comme un caméléon: en fils de domestique transis d’amour pour la belle Cécilia mais pris au piège dans le drame Reviens-moi, en jeune imposteur musicien charmant dans la comédie romantique Penélope et en tueur à gage dans le film d’action un peu bourrin Wanted, il s’essaye à tout et réussit haut la main le passage des genres. Tout de même, on retiendra sa prestation dans Reviens-moi, une de ses meilleures. A la fois charmeur, un peu maladroit, amoureux puis fragile et horrifié par une guerre dans laquelle il se retrouve plongé malgré lui, il est magnifique, ses yeux bleus pleins de larmes. Il est loin des clichés des « héros », des hommes forts et vaillants qui n’ont peur de rien et dégomment leurs ennemis sans trembler. Ici, l’homme vacille, tremble, souffre, est effrayé. On a jamais autant aimé James McAvoy que dans les faiblesses de ses personnages, dans leur tristesse et souffrance. C’est donc ça, un grand acteur?

6 –Johnny Depp – pour Sweeney Todd

M.Vanessa Paradis revient cette année avec un nouveau Tim Burton. Cette fois-ci pas de gentils, pas de ciseaux, de pulls angora, mais un barbier qui coupe des têtes en attendant sa vengeance. Et en chansons s’il vous plaît. C’est là qu’on découvre une nouvelle facette de Johnny Depp: il sait chanter, et drôlement bien même. Il sait tout faire, quoi. Et puis, il n’a peur de rien: ni de choquer, ni de faire peur, ni de s’enlaidir, ni de jouer un monstres. Johnny se moque des autres. Johnny Depp fait du cinéma. Johnny Depp est un acteur. Et dans quelques dizaines d’années, il sera même dans les livres. Comme Brando. C’est ce qu’on appelle un acteur de légende.


7 – Javier Bardem – pour No country for old men et Vicky Cristina Barcelona

Javier Bardem. Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle pour No Country for Old Men - Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme. Matt Petit / ©A.M.P.A.S.

 C’est pas sa faute pour la coupe de cheveux. La coupe au bol, c’était l’idée des Coen (voir aussi la coupe de cheveux de Brad Pitt dans Burn After Reading). Une très bonne idée d’ailleurs, qui accentue le décalage du film. Javier dans No Country for old men joue un tueur, un tueur sans foi ni loi (qui se fie juste à sa pièce de monnaie), complètement fou et psychopathe, afflubé d’une coupe au bol. On ne sait pas si on doit en rire ou avoir peur. Les deux sans doute. Dans ce rôle noir, Javier Bardem est proprement terrifiant, symbole de la violence américaine, et se fout carrément de son image. Il n’a peur de rien, et c’est tant mieux. Dans le dernier Woody Allen, Vicky Cristina Barcelona, il délaisse les armes: faîtes l’amour pas la guerre, pourrait-il clamer. Entre trois charmantes actrices (Scarlett Johansson, Penélope Cruz et Rebecca Hall) la tête lui tourne, nous aussi. Séducteur ou tueur, à vous de choisir quel Javier vous préférez.

8  – Daniel Day-Lewis – pour There will be blood 

Daniel Day-Lewis est un monstre sacré du cinéma, rare, mais indispensable, il n’y a qu’à le voir en Bill le Boucher dans Gangs of New-York. Dans There Will Be Blood il campe un prospecteur qui fait fortune grâce à ses puits de pétrole. L’ascension est rapide, pleine de promesse. La chute est intérieure, la folie le ronge, la paranoïa le bouffe. Le monsieur est monstrueux de force. Il est fascinant, terrifiant. Il ne l’a pas volé son Oscar.


9 – Jason Schwartzman, Owen Wilson et Adrien Brody – pour The Darjeeling Limited

Jason Schwartzman, Adrien Brody et Owen Wilson. Twentieth Century Fox France

On ne pensait pas les voir tous les trois dans un même film. Pas grand chose en commun. Marie-Antoinette, Zoolander et Le Pianiste. Cherchez l’intrus. Pourtant dans le nouveau Wes Anderson, ils jouent des frères, des frères qui se détestent, se jalousent, se tapent dessus mais au final s’aiment. Leur voyage initiatique est drôle et subtile. Il faut dire qu’avec ces trois là en guides touristiques de l’Inde, voyager devient une croisière de luxe…et de rire. Aucun ne vole la vedette à l’autre. Aucun n’est meilleur qu’un autre. Les trois sont excellents. L’union improbable de l’année, c’est eux!

10-  Aaron Eckhart pour The Dark Knight

Aaron Eckhart. Warner Bros.

Ok, on a beaucoup parlé de Heath Ledger pour The Dark Knight de sorte à faire de l’ombre à Batman himself et à un nouveau personnage, Harvey Dent joué par le talentueux Aaron Eckhart. Pourtant le film, lui, s’équilibre parfaitement entre ses deux nouveaux venus, les deux personnages les plus fascinants du film: le Joker et Dent alias Double-Face. Eckhart complète le Joker, assassin rongé par la folie, en campant un homme amoureux, oui, qui perd la raison lors d’un accident déterminant. Il a le cœur qui saigne et le Joker n’a aucun mal à faire de cet homme, ce « White Knight » comme on le surnomme, un être perdu, plongeant dans la folie, plein de haine et de rancœur envers ce qu‘il a toujours protégé (la justice, l‘innocence…). Nolan a fait de ce personnage la représentation de l’ambivalence humaine, de comment l’être humain peut plonger dans la folie et la haine. Dans ce rôle de gentil-méchat, Aaron Eckhart est excellent, sublime de tristesse. Désormais quand on parle de The Dark Knight, il ne faudra pas seulement signaler la bouleversante prestation de Heath Ledger, mais aussi celle de Aaron Eckhart, plus discrète. Les deux vrais stars du film, ce sont eux.

11 – Albert Dupontel – pour Deux jours à tuer

Albert Dupontel. StudioCanal

Albert est méchant. Il n’hésite pas à dire à ses enfants que leurs dessins sont moches, ni à ses invités et à sa femme qu’ils sont méprisables. Il leur sort tout, il déballe son sac. Certaines vérités ne sont pas bonnes à dire, lui il s’en fout, il leur jette tout en vrac. Que se passe-t-il dans la tête de ce publiciste? On ne dira rien, même si c’est plutôt facile à deviner. Mais peu importe, cela ne gâche en rien la prestation d’un Albert Dupontel en état de grâce. Tour à tour cynique, méchant,  fragile, il livre un portrait d’homme à hauteur d’homme. Pas de super-héros. Juste un homme.

12 – Louis Garrel – pour La Belle personne

Louis Garrel. Le Pacte

Louis Garrel est un acteur sur lequel il faut compter, n’en déplaise à certains. Si dans La Belle personne, il n’a pas un rôle aussi varié et magnifique que celui des Chansons d’amour, il se révèle brûlant et brillant en jeune professeur fou amoureux de sa jeune élève, qui refuse son amour, sachant qu’elle souffrira lorsqu’il la quittera. C’est pas facile tout ça…Louis Garrel souffre de l’aimer, souffre de la voir avec un autre, souffre qu’elle refuse de l’aimer. Son visage mélancolique qui se prête parfaitement à ce genre de personnage porte toute la tristesse du monde. Et si la belle personne c’était lui?

13 – Jérémy Rénier – pour Le Silence de Lorna

Jérémie Renier et Arta Dobroshi. Diaphana Films

Nous ne sommes pas dans Hunger et pourtant le corps est fragile, maigre, souffrant. Celui de Jérémy Rénier en camé repentant. Il tente d’arrêter, s’accroche à Lorna, recommence, s’arrête à nouveau, lui fait l’amour, se tord de douleur…La peau sur les os, Jérémy Rénier est à fleur de peau dans ce rôle qu’on attendait pas. Où est passé le père gamin et faisant l’indicible de L’Enfant? Jérémy Rénier a grandit, son jeu s’affine, sa puissance aussi. On voudrait détourner le regard de son corps trop maigre, trop souffreteux, mais on n’y arrive pas. Le corps est triste, le corps est beau, le corps souffre.

14 –  Paul Dano – pour There Will Be Blood

Paul Dano. Walt Disney Studios Motion Pictures France

Ce mec est incroyable. Déjà dans Little Miss Sunshine il nous révélait sa bouille adolescente inoubliable en frère refusant de parler. Ici, il a pris de l’assurance. Et il en faut puisque il doit affronter le monstre sacré Daniel Day-Lewis. Ce qu’il fait avec brio. Il est presque plus effrayant que son partenaire. Il semble habité. On peut lui prédire un bel avenir, sans être devin.

15- Brad Pitt – pour Burn After Reading

Brad Pitt. StudioCanal

On l’avait quitté étendu sur le sol de sa maison, lâchement assassiné par Robert Ford, lui Jesse James, plus grand voleur de l’Amérique. On le retrouve en crétin employé dans une salle de sport, pour les Coen, qui décide de faire chanter un ex-analyste de la CIA. C’est délicieusement drôle et décalé. Brad Pitt est hilarant, se moquant totalement de son image de son sex-symbol. La palme du meilleur crétin de l’année lui revient.

Meilleures actrices 2008

1- Angelina Jolie  pour L‘Echange

Angelina Jolie. Universal Pictures

C’était une évidence cette année, de mettre Angelina Jolie en tête du podium. Et pourtant, ça ne l’a pas toujours été. Jusqu’à ce qu’elle croise la route du grand Clint Eastwood qui a vu en elle autre chose que la star people, femme de Brad Pitt: il a vu l’actrice et la mère. Dans L’Echange, elle est Christine Collins qui cherche à prouver que le garçon qu’on a retrouvé n’est pas son fils enlevé il y a plusieurs mois. Elle pleure, elle lutte, elle crie, elle dénonce, elle se retrouve en asile psychiatrique. Elle endure tout. Et le spectateur de ne pas arriver à soutenir son regard. Femme forte et fragile à la fois, elle se confronte à l’horreur la plus bestiale, mais à la fin, est toujours debout. Respect.

2- Arta Dobroshi pour Le silence de Lorna

Arta Dobroshi. Diaphana Films

Elle n’avait jamais tourné avant. C’est d’autant plus étonnant aux vues de son incroyable prestation dans le film des Dardenne. Elle paraît si fragile, si neuve, pas encore abîmée par le star-system et tout le reste. Elle semble sortie de nulle part, arrivée par hasard sur un plateau. Ses maladresses contribuent à une prestation poignante et bouleversante. La révélation de l’année a un nom: Arta Dobroshi.

 3 – Ellen Page pour Juno

Pour Juno, elle a été nominée aux Oscars. Elle n’a pas gagné, certes, mais elle a encore toute la vie devant elle. Elle n’est pas comme les autres jeunes femmes, Ellen Page,  nouvelle chouchoute du ciné indé américain. Pour Juno, elle est enceinte (dans le film) à 16 ans et décide de garder le bébé pour le faire adopter. Avec beaucoup de drôlerie subtile et d’émotions. Elle est renversante. Cette jeune femme va être une star.

4 – Julianne Moore pour Blindness

Julianne Moore. Pathé Distribution

Julianne Moore, grande actrice, cotoit l’horreur la plus totale dans Blindness: elle est la seule à ne pas être touchée par une épidémie d’aveuglement. Elle voit son mari et les autres vivrent dans la merde, la misère, la saleté, l’horreur, devenir des animaux…Elle voit tout ce qu’ils ne peuvent voir. Elle se déshumanise elle aussi en même temps qu’eux. Mais elle tente jusqu’au bout de rester droite. Julianne Moore est lumineuse dans ce film profondément noir et sale. Elle les mène d’une main forte, même si parfois tremblante. Elle pleure, a des moments de doute. Mais comme Angelina Jolie dans L’Echange, à la fin, elle est toujours debout.

5 – Gwyneth Paltrow pour Two Lovers

Gwyneth Paltrow à la conférence de presse du film (Cannes 2008). Wild Bunch Distribution

La blonde et jolie Michelle enflamme le coeur brisé de Joaquin Phoenix dans Two Lovers. Pour le détruire encore plus au passage en même temps qu’elle détruit le sien. Autodestructrice, elle ne sait ce qu’elle veut, elle est fragile, instable…Comme J.Phoenix. Gwyneth Paltrow a un beau rôle, loin de celui trop gentil et classique de Iron Man, un beau rôle douloureux. Elle et son partenaire sont tels des amants maudits. A la façon de James Gray évidemment, pour qui chaque histoire d’amour devient une tragédie noire.

6 – Helena Bonham Carter pour Sweeney Todd

Helena Bonham Carter. Warner Bros. France

Elle était enceinte sur le tournage et n’avait pas le droit à un quelconque traitement de faveur de la part de son compagnon Tim Burton. Pourtant cette actrice anglaise ne s’est pas laissé démonter et partage la réplique avec Johnny Depp, en chantant et en parlant. Celle qu’on retrouvera dans le rôle de Bellatrix dans Harry Potter, est délicieusement noire et drôle en cuisinière qui fait des morts…des tourtes. Et montre qu’elle fait parfaitement partie du monde de Burton.

7 – Natalie Portman pour Deux soeurs pour un roi, The Darjeeling Limited

Natalie Portman sur le tapis rouge des Golden Globes 2005. E! Entertainment

La belle Natalie est une petite amie de passage dans le court métrage (superbe et mélancolique) précédant TDL qui a brisé le coeur de Schwartzman. Sinon dans Deux soeurs pour un roi, elle est la piquante Anne Boleyn ne reculant devant rien pour séduire le roi, l’épouser et devenir reine. Sauf que voilà, Anne Boleyn a eu le destin qu’on lui connaît. Pour une fois, elle n’hésite pas à jouer une garce jalouse. Avant de se voir accuser d’inceste…Natalie Portman est ravissante, crédible comme d’habitude et jouant le rôle le plus intéressant et le plus fascinant, face à un Eric Bana et à une Scarlett Johansson fades.

8 – Penélope Cruz pour Vicky Cristina Barcelona

Penélope Cruz. Warner Bros. France

Pénélope Cruz n’a pas le rôle principal mais se révèle incroyable dans le nouveau Woody Allen. En ex-femme névrosée, elle laisse libre cours à l’expansivité, la folie et l’extravagance. Parle espagnol quand Javier Bardem lui demande de parler anglais. On sent la patte et la verve de Woody Allen dans ce personnage qui fait contre-poids avec les personnages plus sérieux et aux destins dramatiques de Rebecca Hall et Scarlett Johansson.


9 – Keira Knightley pour Reviens-moi

Keira Knightley. StudioCanal

Elle n’a pas l’air d’en avoir marre des rôles en costumes Keira Knightley. Après Orgueil et préjugés, voici l’adaptation du best-seller Expiation de Ian McEwan. Elle campe avec grâce une jeune aristocrate qui s’éprend du fils d’une domestique mais qui à cause de sa soeur, va tomber dans une spirale infernale. Ravissante, la jeune anglaise n’a aucun mal à partager la vedette avec l’écossais James McAvoy pour faire prendre corps à un couple qui risque de devenir mythique.

10 – Rebecca Hall pour Vicky Cristina Barcelona

Rebecca Hall. Warner Bros. France

On en parlait plus haut. Si Penélope Cruz a le rôle le plus drôle et jouissif du film, Rebecca Hall a celui du plus sérieux. Elle, est fiancée et ne veut rien avoir à voir avec Javier Bardem, séducteur invertéré. Sauf que voilà, elle tombe amoureuse du bel espagnol. Entre la passion et la raison, elle va devoir choisir. Rebecca Hall toute nouvelle venue dans le cinéma allénien se dévoile et montre qu’elle compte elle aussi. Ses états d’âmes sont drôles, fins, tragiques et lui offrent le plus "beau" rôle du film.

5 thoughts on “Le Meilleur du cinéma 2008

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    Concernant le classement des acteurs, je suppose que tu n’as pas vu « The visitor », sinon Richard Jenkins – qui y est exceptionnel – apparaîtrait inévitablement dans cette élite.

  4. Pareil que Diane, beaucoup de films en communs… Un très bon cru cinéma 2008, somme toute ! J’espère que 2009 sera une bonne année…

  5. Beaucoup de films en commun avec toi….Une belle année cinéma 2008, en espérant que 2009 soit du même cru…En tout cas ça commence très fort avec un Twilight formidable !!! A+

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