Mesrine : L’Instinct de mort

Confessions d’un homme dangereux– partie 1

Cécile de France et Vincent Cassel. La Petite Reine / Roger Arpajou

Elena Anaya et Vincent Cassel. La Petite Reine / Roger Arpajou

Les débuts criminels d’un certain Mesrine dans les années 60 – 70.

Jean-François Richet n’a pas froid aux yeux. Fin 2008, il sort sur les écrans, un dyptique (donc deux films) sur Jacques Mesrine, l’ennemi public n°1 en France dans les années 70. Pari risqué surtout que reposant sur pas un mais deux films, chose assez rare en France. Le gros écueil dans lequel on a peur qu’il tombe est de faire de Mesrine une icône admirable ou de masquer les mauvaises actions de l’homme. Heureusement rien de tout ça, et c’est grâce à ça que le film nous accroche et tient debout. Mesrine est un homme de passion, un homme qui a fait des erreurs, un homme tendre et adorant ses enfants, un homme violent et brutal, un voyou prêt à tuer, un monstre et un homme à la fois. De cette ambivalence, de cet homme au sens de l’honneur impressionnant, parfois admirable, mais capable de planter un flingue dans la bouche de sa femme, Richet réalise un film de gangsters pur et dur, un beau polar noir qui est la concrétisation de ce que le cinéma français laissait paraître timidement (Le dernier gang, par exemple, bon film mais pas aussi brut, noir que ce Mesrine). Grâce aux ellipses, nombreuses et parfois de plusieurs mois, le rythme ne fléchit pas, nous entraînant jusqu’au Canada. On admirera la scène d’ouverture, quasiment muette, divisée en plusieurs écrans, qui est en fait la fin de Mesrine, qui contraste avec le reste du premier volet, où Mesrine clame "dehors ou mort" ou encore "personne me tue tant que je ne l’ai pas décidé". Mû par l’instinct de mort, mais aussi l’envie de vivre libre, on le voit s’enfoncer peu à peu dans cette criminalité violente jusqu’au point de non-retour (évasion de la prison). La dernière demi-heure est oppressante: une fois évadé, il n’a plus le choix. Tuer ou être tuer. Chaque personne devient un ennemi potentiel. Les sirènes de police vont frémir. S’attacher au personnage de Mesrine est quasiment impossible, mais cela n’enlève rien au film, au contraire, lui permettant de ne pas plonger dans le mélo, ou de trop s’attacher à un homme qui reste un assassin. Evidemment, quand on parle des films Mesrine, impossible de passer sous silence la prestation effrayante et habité de Vincent Cassel impressionnant et plus que crédible. Gérard Depardieu, Cécile de France, Gilles Lellouche, Elena Anaya, Roy Dupuis et les autres, sont excellents, tous prenant place avec osmose autour de Cassel, s’affirmant mais sans lui voler la vedette. 

Ce Mesrine partie 1 est une réussite sur tous les plans. Animé par des dialogues savoureux et sur mesure, des scènes très réalistes, un climat oppressant et tendu, le film de Richet est un beau moment de cinéma mais aussi un film sans concession sur un homme qui ne l’était pas moins, violent et passionnée, ambivalent comme jamais. A travers ce biopic en deux parties (cette critique ne concerne que la première), Richet tend surtout à reconstituer une France pas si lointaine, violente et encore aux prises avec ses vieux démons (l’Algérie notamment).

 

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