Bons baisers de Bruges

Lost in Bruges

Brendan Gleeson et Colin Farrell. SND

Clémence Poésy et Colin Farrell. SND

Ray a merdé: lors d’un contrat ( il est tueur à gages) il a même gravement merdé. Son ami Ken est chargé par le patron, Harry, de l’emmener à Bruges où ils doivent se faire passer pour des touristes en attendant les nouveaux ordres. Ken est ravi de découvrir Bruges qu’il trouve magnifique, ce qui n’est pas de l’avis de Ray qui traîne des pieds tout en remuant son échec cuisant. Un soir, enfin, Harry appelle Ken, Ray étant sorti avec une jeune demoiselle du pays, est le charge d’abattre Ray.

Autant dire que la campagne marketing a complètement merdé elle aussi. En regardant les affiches on est à l’opposé du réel intérêt du film. A dire vrai, après visionnage, on est agréablement surpris par la qualité de In Bruges (retitré toujours aussi nullement en vf, Bons baisers de Bruges). Ce premier film de Martin McDonagh mise sur l’originalité et le mélange des genres. Résultat c’est un ovni. Entre drame et polar, In Bruges se permet de jouer sur le décalage et des situations plutôt loufoques. Les dialogues sont ciselés, absurdes et drôles. Les personnages, celui de Ray principalement, ne sont pas laissés pour compte, est celui-ci traîne sa tristesse et son envie de mourir à travers les canaux de Bruges. Car il a commis l’irréparable, et pour ça, selon Harry, le boss, il doit payer. Le rythme plutôt lent du film et l’humour noir et décalé, contrebalance la froideur et la dureté de la violence, très présente. On se croirait presque dans le cinéma des Coen, et croyez-moi, c’est un compliment. Pour ce film brittanique, c’est un irlandais qui campe le premier rôle, j’ai appelé Colin Farrell. Celui-ci est excellent, fragile et grand gamin. Il renoue avec son rôle du Rêve de Cassandre: dans ces deux films, Farrell est à fleur de peau. C’est comme ça qu’on l’aime, plus que dans des daubes telles que Daredevil (sans vouloir offenser personne). Il trouve enfin ici de l’épaisseur. Brendan Gleeson est géniallissime, avec un rôle plutôt consistant qui ne manquera pas de marquer de sa "gueule" la pellicule. Ralph Fiennes n’intervient que dans le dernier tiers du film, mais se révèle délicieusement méchant et con. La présence de deux français est à relever: Clémence Poésy et Jérémy Rénier, très bons. 

Voilà un excellent film qui malgré les apparences n’est pas celui qu’on croit. Derrière ses faux airs de comédie ratée, ce policier mâtiné de drame et de décalage opère un mix réjouissant, un peu lent, mais qui séduira les adeptes de cinéma à l’anglaise. Les acteurs sont au diapason, avec un Colin Farrell excellent de tristesse, légèrement suicidaire même. L’intrigue n’hésite pas à nous surprendre, nous faire rire et nous embarquer dans une course poursuite à travers Bruges mémorable. La fin, ouverte, elle, renvoit à la propre moralité du spectateur: doit-il payer pour son crime? Avec Bons baisers de Bruges, Martin McDonagh se place directement dans les réalisateurs britishs à suivre.

Affiche américaine. Focus Features
 

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