Fernando Meirelles est aujourd’hui un cinéaste accompli et reconnu (présent en compétition au Festival de Cannes en 2008 avec le très dur mais excellent Blindness). Avec The Constant Gardener adapté d’un roman de John Le Carré, il faisait ses premiers pas en Amérique (ses précédents films avaient été tournés au Brésil). Ce passage d’un pays (et d’une autre façon de produire et de faire des films) à l’autre peut révèler le meilleur – des cinéastes majeurs (Inarritu par exemple) – comme le pire. Meirelles, lui, a un talent certain qui ne pâtit pas de la distance géographique.
The Constant Gardener est un triller dramatique, c’est dit, ayant la même volonté sincère, que Lord of War ou Blood Diamond. Malgré une histoire plutôt complexe pour le grand public, on accroche tout de suite. Déjà pour sa réalisation qui n’a pas changé dans Blindness (2008): caméra à l’épaule, luminosité, couleurs "spéciales" tirant sur le vert, travail sur la lumière, le montage…On reconnaît sa patte dès les premières minutes du film. En réalisant nerveusement, il permet de donner un rythme assez rapide qui appuie la tension dans laquelle va baigner Ralph Fiennes tout au long de sa recherche de la vérité, et au final, de son amour perdu.
Ralph Fiennes, parlons-en. Simple, embrassant son rôle au début d’homme timide, diplomate, calme et ne cherchant pas les vagues puis prêt à tout pour finir ce que sa femme a commencé, il est d’un naturel et d’une prestance déconcertante. Il y a quelque chose de profondément triste et brisé en cet homme en deuil. Amoureux fou de la belle Rachel Weisz, excellente actrice comme à son habitude, piquante et douce à la fois, il interprète surtout un homme déchiré par la perte de sa femme et les révèlations qu’il apprend au fur et à mesure de son enquête. La magnificence de cette histoire d’amour culmine dans les dernières minutes du film.
