Boy A est un film magnifique, un film renversant et bouleversant sur la redécouverte de la vie et la rédemption. Un film plein d’humanité, d’espoir, lumineux, qui prend à contre-pied l’obscurité et la noirceur du propos. Premier plan, sublime: un jeune homme va sortir de prison, il sourit comme un enfant, plein d’espoir, plein d’attentes, choisit un nouveau prénom, une nouvelle vie, une vie qu’il a envie d’aimer. Parce qu’il n’est plus ce petit garçon, ce petit garçon meurtrier, il est Jack et il veut une deuxième chance. Pourtant à travers des images-souvenirs, des regards hantés et une scène où il tabasse deux mecs, on sent les démons de son enfance et de son crime qui sont toujours là. Jack n’est pas Jack. Il ne pourra jamais oublier son passé, il se sent trop coupable envers ses amis et sa petite amie, Michelle, dont il est tombé amoureux, trop coupable de « jouer un autre rôle ». Mais que diront-ils tous, s’ils apprenaient ce qu’il a été autrefois?
Boy A est un film compliqué qui aborde de front des questions sur le pardon, la rédemption, la culpabilité et la compassion, mais en même temps un film extrêmement simple qui ne tend qu’à montrer la joie de vivre, l’envie de vivre et d’être libre de Jack, enfermé toute son adolescence entre des murs, mais appréciant maintenant chaque seconde dehors. Jack représente en quelque sorte la vie, parce qu’il est plus vivant que les autres, parce qu’il sait le prix de la liberté. C’est ça qui est beau dans le film de John Crowley: traiter un sujet grave et dur avec beaucoup de tendresse et de luminosité. Et puis, Jack aime. Jack aime, mais au bout de compte ça ne suffit pas. Ca ne suffit pas à le sauver. Un homme peut être aimé, mais pas un meurtrier, c’est ce que semble lui dire l’univers entier. A quoi se raccrocher alors, puisqu’il ne lui reste que ça, cet amour qui lui emplit le coeur, cet amour pour la vie, pour les gens, pour toutes ces petits riens, mais que personne ne veut? Jack n’est pas Jack, Jack est le boy A.
John Crowley a réussit un coup de maître avec ce second film. Il capte avec subtilité et intensité la douleur et la joie de Jack de commencer une nouvelle vie, puis les ombres du passé qui le rattrapent et qui le font fuir. C’est un film très dur par moment, notamment lors des flash-backs lorsque l’on voit les deux jeunes garçons, et lors des dernières minutes. La scène de fin magnifique étreint réellement, laissent échapper tout ce qu’on avait emmagasiné. Et on pleure, on souffre pour ce jeune garçon. Jack, le boy A, c’est le jeune acteur Andrew Garfield, sidérant dans ce rôle juste mais jamais larmoyant. Peter Mullan, très bon acteur également, en tuteur doux et plein d’espoir pour « ses enfants », mais dont la bonté ne suffira pas à éloigner les ombres destructrices.
Boy A est un film à ne pas passer sous silence, un film d’ombres et de lumières, qui dresse le portrait touchant d’un jeune garçon meurtrier qui veut se reconstruire. Un film qui pose beaucoup de questions et qui fait réfléchir, mais qui touche aussi et surtout au cur. En partageant avec nous sa redécouverte de la vie, on se lie avec Jack. On l’aime. C’est là le défi relevé avec brio du jeune réalisateur: tout le monde a le droit à une seconde chance. Tout le monde a le droit d’être aimé.