Un été italien

Genova

Colin Firth. Diaphana Films

Diaphana Films
 

Joe décide de partir avec ses deux filles à Gênes après la mort accidentelle de sa femme.

Dans Grace is Gone (de James Strouse), John Cusack amenait ses deux filles dans un parc d’attraction pour leur annoncer la mort de leur mère. Dans celui de Michael Winterbottom, Colin Firth décide de changer de vie, et lui et ses deux filles partent en Italie. Leur deuil, donc, se fera sous le soleil brûlant et dans les rues bruyantes de Gênes. Le film, en état de grâce et d’une sensibilité terrible, ne cherche pas à mettre des mots sur tout ce qui se passe ou à expliciter chaque seconde qui passe. Winterbottom saisit, capte des instants volés, l’éphémérité des choses. Et la douleur latente qui hante chacun de leurs gestes. Celle de la fille cadette (Perla Haney-Jardine, excellente), rongée par la culpabilité et la peine, qui suit le fantôme de sa mère dans les rues ombragées de la ville. Celle de la fille aînée (la gracieuse mais très maigre Willa Holland) qui se noie dans les fêtes et les garçons. Celle d’un père, d’un mari (Colin Firth magnifique), qui tente de retenir ses filles qu’il sent lui échapper et qui se retrouve entre deux femmes, une étudiante et une ancienne amie professeur. Leur deuil, chacun le vit à sa manière. Et malgré le soleil brillant, l’été et la plage, Un été italien est un film sombre, triste et douloureux. La mort est partie également avec eux, symbolisée par ce fantôme qui ne cesse de hanter la plus jeune, Mary. Qui se retrouve alors devant une route à traverser pour la rejoindre, cette mère perdue. Le film n’est pourtant jamais déprimant, car tirant toute sa force de cet amour qu’il y a entre cette famille blessée. Le temps passe, les plaies cicatrisent lentement, le soleil brûle et l’été touche à fin. Le film de Michael Winterbottom aussi. Reste alors des souvenirs des rues de Gênes, sales, bruyantes, colorées, ombragées, longues, labyrinthiques, vides, pleines, où l’on s’est tant de fois perdu, que l’on a tant de fois arpenté au côté d’elle, cette famille qui durant une heure et demie, est un peu devenue la nôtre.
 

Diaphana Films

 

 

 

 

One thought on “Un été italien

  1. Un thème proche de Grace is gone, où un homme cherche dans la fuite avec ses filles à échapper à la douleur de la perte d’un être cher. Un film bouleversant, notamment grâce au jeu de Perla Haney-Jardine (qui interprète la plus jeune des filles, Mary). Ses tourments, dont témoignent ses cauchemars, ses dessins macabres réalisés à la craie blanche et noire, sont exprimés avec une sensibilité qui confère à l’histoire une grâce rare, mêlant délicatesse et mélancolie. A noter en outre l’excellence du choix des musiques…

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