A l’origine

Même les salauds ont du cœur

François Cluzet et Emmanuelle Devos. Stéphanie Di Giusto

François Cluzet. EuropaCorp Distribution
 

Paul est un escroc, un arnaqueur qui vit sur les routes. Il ne se pose jamais, fuit on ne sait quoi. Un matin, il arrive dans une petite ville du nord qui souffre d’un chantier d’autoroute arrêté depuis deux ans, et se fait passer pour Philippe Miller. Dans sa tête, s’échafaude déjà son arnaque. Mais lorsqu’il rencontre les gens de la ville, il s’enfonce encore un peu plus dans son mensonge. Et son arnaque devient chaque jour un peu plus impossible pour lui…

Xavier Giannoli (Les corps impatients, Une aventure, Quand j’étais chanteur) revient en grâce avec A l’origine, beau film sur un homme escroc qui s’ humanise au contact des habitants d’une petite ville. Emprisonné dans son mensonge (il se fait passer pour un membre du CGI qui doit remettre en état de marche le chantier de l’autoroute), il s’y enfonce chaque seconde un peu plus. Car au début, il devait juste venir, prendre l’argent, et partir sans se retourner, ce qu’il a toujours fait. Mais là, impossible de partir sur la pointe des pieds, de partir tout court quand il commence à comprendre à quel point ces gens ont besoin d’argent, de travail et de la remise en état du chantier. Accumulant mensonge sur mensonge, Philippe s’y attelle alors, lui et sa filiale imaginaire, se lie même avec des habitants et le chantier reprend. Pour cette histoire tirée d’un fait réel, Giannoli filme la  misère sociale sans aucun misérabilisme et aborde le problème du chômage et des grandes compagnies qui partent et oublient, pendant que les habitants recollent les morceaux. Mais ce qui intéresse le plus le réalisateur, et on le sent à chaque minute, c’est l’humain. Et avant tout Philippe Miller, cet escroc sans passé que l’on rencontre au détour d’une route, et qui va nous bouleverser pendant plus de 2h10. Toute l’ambiguïté du film réside dans ce personnage, escroc et/ou héros. Giannoli ne cherche pas à tout pris à le cerner, ni à le juger, mais filme l’homme dans tous ses paradoxes et ses contradictions. A l’image du film, lumineux et sombre. Si bien sûr, A l’origine est plein de bons sentiments (l’escroc qui devient héros sans le chercher), c’est sans pathos, avec de la finesse plutôt et une sorte de réalisme cruel noir. Une partie de la réussite du film est dû à ses magnifiques acteurs: François Cluzet, Emmanuelle Devos, Soko et Vincent Rottiers (deux jeunes acteurs en devenir, pleins de charme et d’intensité).
Un homme seul face à un chantier désert, immense. C’est l’image qui reste en mémoire de ce beau film plein d’humanité, émouvant et dur.
 

EuropaCorp Distribution

 

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *