Splice

Sarah Polley et Adrien Brody. Gaumont Distribution

Sarah Polley. Gaumont Distribution

Adrien Brody et Delphine Chaneac. Gaumont Distribution

Jusqu’où la science peut-elle aller? Quelles sont les limites? Selon Vicenzo Natali, réalisateur de Cube et aujourd’hui de Splice, film de science-fiction sombre et violent, les limites vont être largement repoussées dans un futur proche.
Clive et Elsa (Adrien Brody et Sarah Polley), après avoir prouvés qu’ils peuvent créer de nouvelles races d’animaux en combinant des ADN d’animaux différents, vont plus loin: combiner les ADN d’animaux et d’un humain. La chose est faîte illégalement, dans le secret d’un laboratoire. Ils ne comptent pas aller jusqu’au bout, juste savoir s’ils en sont capables, par orgueil. Et puis on assiste, entre terreur et fascination, à la "naissance" de Dren (Delphine Chanéac, une actrice française), créature hybride, être à la fois humain et animal. Se posent alors plusieurs questions, autant éthiques que morales, tout au long du film, au fur et à mesure qu’on sent la menace (mais de quel côte viendra-t-elle?) se refermer sur nos personnages. Qui sont les monstres, qui sont les humains? Ont-ils le droit? Est-ce bien, est-ce mal? Si la science n’a plus de limites, les humains peuvent-ils encore la maîtriser, la contrôler? Sont-ils prêts à cela ou est-il trop tôt? Sont-ils prêts pour Dren? A voir Splice, on dirait bien que non. Si le film mélange deux genres plutôt distincts (le film d’horreur et le film de science-fiction psychologique) on préfèrera plutôt le côté psychologique et moral du film, scènes les plus réussies. En effet, Splice est très intéressant notamment à travers le rapport entre le couple formé par Clive et Elsa et Dren. Clive est plutôt distant, jusqu’à se sentir troublé par Dren. Elsa, qui dit ne pas vouloir d’enfants, élève Dren comme sa petite fille en l’habillant avec des petites robes d’enfants et en lui donnant ses jouets d’enfant. Le rapport entre les trois personnages est ambigüe, parfois malsain (certaines scènes sont assez dérangeantes). Dren est comme un enfant, elle représente en un sens l’innocence (les ailes qui lui poussent rappellent la figure de l’ange). Elle est apeurée et ne connaît que Elsa et Clive (ses "créateurs"). Et pourtant, elle est en même temps dangereuse et incontrôlable. Le couple finit par se laisser dépasser par sa "création", n’arrivant plus à la contrôler ni à se contrôler. Vicenzo Natali, en créant le personnage de Dren, pousse ses personnages à l’extrême pour mieux montrer jusqu’où l’être humain est capable d’aller, ce qu’il est capable de faire.

Bien que la fin soit assez prévisible et que le film manque parfois de rythme, Splice est à voir pour son sujet tendu. Et qui est traité par le réalisateur sans sensiblerie ou timidité: Vicenzo Natali va jusqu’au bout de ses idées (même si c’est parfois maladroit), ne juge pas et ne fait pas de manichéisme (ce qui aurait été le pire des écueils). Où est le bien, où est le mal, il ne le dit pas mais laisse chaque spectateur faire son choix. Et place donc le spectateur face à un reflet peu flatteur de l’espèce humaine.

 

One thought on “Splice

  1. Splice aurait pu être l’occasion pour Vincenzo Natali d’une passionnante réflexion sur les dérives de ces apprentis sorciers qui manipulent le vivant. Malheureusement, il préfère très vite (sans doute par facilité) se concentrer sur les problèmes conjugaux de Clive et Elsa. Ce qui donne lieu à quelques scènes un rien scabreuses. On peut également être gêné par la misogynie larvée du film, qui fait de la femme la tentatrice, puisque c’est Elsa qui convainc Clive de poursuivre l’expérience, comme Eve réussit à persuader Adam de goûter au fruit défendu. Le manque de conviction des acteurs (en particulier Adrien Brody, visiblement peu à l’aise dans ce type de rôle) et la fin, plus que transparente, achèvent de faire de Splice une banale série B…

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