Une fois n’est pas coutume, parlons série. Pas n’importe laquelle, mais certainement une des plus attendues de la rentrée. Alors que la saison 1 vient de se terminer, faisons-le point sur Boardwalk Empire, grande série policière se déroulant pendant la Prohibition à Atlanta City, créée par Terence Winter et produite par Martin Scorsese. L’expression série-cinéma prend tout son sens au vue de la série : Boardwalk Empire a tout d’un grand film que Scorsese aurait pu mettre en scène avec ses influences parfois mythiques (Le Parrain, Scarface, Gangs of New-York..) et ses thèmes : violence, corruption, meurtres, sexes, trahison, politique. C’est bien à la naissance de la Pègre que l’on assiste (ainsi qu’à celle de Al Capone, personnage secondaire mais qui risque d’être mis en avant dans la prochaine saison), mais plus que ça l’évolution d’un pays.
Années 20. Atlanta City. Nucky Thompson, trésorier du parti républicain, règne en maître sur la ville avant son frère, shérif. Manipulateur, fin stratège mais homme au sang et au cur (à priori) froids, Nucky s’enrichit lors de la Prohibition en développant un réseau d’alcool. Van Alden, un agent tenace qui lutte contre la Prohibition, débarque dans la ville et se retrouve confronté à tout un réseau illégal et des corruptions à chaque coin de rue. Pouvoir et influences, trahisons et meurtres, argent et vice, rythment le quotidien d’Atlanta City (thématiques chers à Scorsese).
Outre le scénario, passionnant, intense, la réussite de Boardwalk Empire vaut aussi et surtout par ses personnages, dignes des films noirs des années 50, tous développés, en profondeur et non juste en surface, et en évolution tout au long des épisodes (réel travail sur les personnages). C’est là la grande qualité de la série (et ce qui manque un peu à The Walking Dead, très bonne série de la rentrée 2010). La série s’inscrit également dans une époque historique importante dans l’histoire (prohibition, le vote des femmes par exemple).
Martin Scorsese a réalisé le pilote d’une heure et demie, presque un film à lui tout seul. Esthétisme impeccable, photographie, décors et costumes réalistes, histoire complexe et à tiroirs, personnages glaçants, terriblement charismatiques (Nucky Thompson en tête), ne manquez en aucun cas Boardwalk Empire. Une fresque historique vertigineuse, prenante, qui marque le petit écran et lui donne une nouvelle légitimité. Si certains épisodes manquent parfois un peu de souffle, le suivant redressent la barre immédiatement. Une réussite à tous les niveaux que je ne puis que vous conseillez.
Et Steve Buscemi, monstre de cinéma, trouve ici un de ses plus grands rôles. Le monsieur y est brillant, séducteur, ambigu, manipulateur et prouve toute l’étendue de son immense talent.
Le reste du casting est également parfait : Michael Shannon, Michael Pitt et Kelly MacDonald en tête.
Série diffusée par HBO. 12 épisodes. 45 minutes.
Diffusion sur Orange Cinémax dès dimanche 19 décembre.