La mère. La figure de la mère hante les différents protagonistes de ce drame français. Celle qui n’est plus là, qui ne laisse que douleur et peine. Celle qu’on tente d’oublier, parce qu’elle s’est trop éloignée, au point qu’on ne la reconnaît plus. Celle qu’on découvre au détour d’une lettre. Celle qui nous a élevé et qui nous a aimé. Entre la déclaration d’amour à la mère (au sens le plus universel qui soit) et la recherche des différentes relations qui lient une mère et sa fille ou son fils, qu’il soit de sang ou pas, Les yeux de sa mère, second film de Thierry Klifa (ancien journaliste de cinéma) se pose en mélodrame classique, au charme lent et diffus, qui peine malheureusement à réellement décoller.
On suit le séduisant et mystérieux Mathieu, jeune écrivain qui souhaite écrire un livre (non-autorisé) sur la vie de Lena Weber, présentatrice du JT. Il va entrer dans cette famille bourgeoise et la faire imploser. Sauf que lui non plus n’en sortira pas indemne, car sous son attitude sûre de lui se cache un jeune homme perdu et blessé par la mort de sa mère. Thierry Klifa ne réinvente pas le genre, on reste dans les terrains bien connus au
cinéma français (malgré quelques virages
surprenants parfois) : le drame d’une famille abimée qui se déchire. Du déjà-vu cartes, mais Les yeux de sa mère a une élégance rare et un scénario fait de pudeur. Au point que l’émotion, à force d’être trop contenue, ne sorte jamais vraiment. On voudrait être bouleversé, en vain. On sera ému, tout au plus. Ému par un très beau casting : Nicolas Duvauchelle électrique et troublant, Marina Foïs bouleversante, Jean-Baptiste Lafarge excellent, Marisa Paredes émouvante, et les toujours parfaites Catherine Deneuve et Géraldine Pailhas. Ce sont bien eux qui font vibrer le cur de ce mélodrame un peu sec mais beau. C’est une autre histoire d’amour : celle d’un réalisateur et de ses acteurs.