Melancholia – Festival de Cannes

Kirsten Dunst. Les Films du Losange

Les Films du Losange


Si vous allez voir Melancholia lors de sa sortie en salles, mieux vaut oublier la polémique cannoise qu’a déclenché le réalisateur, Lars Von Trier, lors de la conférence de presse. Concentrons-nous donc sur l’œuvre, et seulement elle. Après avoir choqué (Antichrist), expérimenté (Dogville), LVT revient avec un nouveau film plus sage, du moins en apparence. Car en effet, sous la surface lisse bouillonne la révolte, celle de Justine, jeune femme dépressive qui tente de jouer la mariée modèle alors qu’elle se fissure au fil de la réception. Et il y a les mesquineries, les disputes, les rancœurs d’une mère (Charlotte Rampling, formidable), d’une sœur (« Parfois je te hais tellement » répète Charlotte Gainsbourg comme une litanie à sa sœur), la couardise d’un mari (Kiefer Sutherland qui tente d’échapper à la planète Melancholia en se suicidant), un mari qui n’arrive pas à sauver sa femme de la maladie dans laquelle elle se noie, des faux-semblants et de l’hypocrisie.

Melancholia est comme divisé en deux parties dans son récit : la première s’apparente plus à un film de mœurs et met en scène le mariage de Justine (union qui ne survivra pas à l’arrivée du jour suivant). Dans la deuxième partie, sans doute la moins passionnante, Lars Von Trier s’oriente vers la science-fiction lorsque les personnages apprennent qu’une planète va heurter la terre. Cette deuxième partie est plus axée sur le personnage de la sœur de Justine, Claire, bourgeoise peureuse qui voit toutes ses certitudes exploser. Ces deux personnages féminins sont la grande force de Melancholia. A travers la menace de la planète et une mort prochaine pour tous les terriens, le cinéaste met en avant ces deux femmes, différentes en tout point, mais chacune ayant sa complexité, ses failles. Kirsten Dunst a d’ailleurs remporté le prix (mérité) d’interprétation féminine à Cannes pour son rôle de Justine, jeune femme dépressive et pleine de mélancolie, qui sera la seule à garder les pieds sur terre, à admettre la triste vérité (ils sont sur le point de mourir et il n’y aucune autre vie humaine sur terre) à l’approche de la catastrophe.

Malgré de beaux personnages et une bonne idée de départ (une famille se déchire alors qu’une menace de mort imminente plane sur la Terre), Melancholia ne m’a pas convaincue totalement pour ma part. Le scénario hésite trop (drame, comédie de mœurs, science-fiction…) et se révèle faiblard sur le long terme (plus de deux heures). Tourné caméra à l’épaule, le réalisateur arrive néanmoins à capter avec justesse les émotions et sentiments des divers personnages. Le film frôle même le sublime, lors des premières minutes du film, ouverture magnifique composée de scènes au ralenti qui ressemblent à des œuvres d’art, sur la sublime musique de Wagner. Esthétiquement sublime et renversant. Malheureusement, cela ne dure qu’une poignée de minutes.

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