Trishna

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Une jeune femme indienne vit avec sa famille pauvre dans une région reculée de l’Inde. Un jour, elle rencontre un jeune homme, fils d’un homme fatigué qui possède plusieurs hôtels. Celui-ci tombe sous le charme de Trishna et lui demande de venir travailler dans l’hôtel de son père. Ils entament une liaison.

Il est indiqué au début du film que Trishna est adapté du roman de Thomas Hardy, Tess d’Urberville. Mais mettons les choses au point rapidement : ce n’est qu’une adaptation très lointaine du roman et outre quelques scènes, le film de Michael Winterbottom diffère pas mal de l’original (déjà adapté par Roman Polanski dans le très beau Tess). Une fois cela établit, on passe plus de temps à apprécier le long-métrage qu’à repérer les différences entre les deux oeuvres.

De quoi parle donc Trishna? D’une histoire d’amour impossible à cause de milieux sociaux trop différents qui se termine en tragédie. Trishna (Freida Pinto, sublime) n’a rien, est naïve mais digne (en cela elle est une pure Tess) mais croise le chemin de Jay (Riz Ahmed, séducteur dangereux) qui incarne à lui seul les deux héros masculins dans Tess, à la fois Angel et Alec, homme riche qui sera à la fois son amour et sa perte. La dualité de Jay est d’ailleurs parfois difficile à cerner dans ses retournements, car ils sont trop brusques et le contexte social, selon moi, ne peut justifier cela à lui seul. Mais le personnage est intéressant et aurait nécessité un éclairage un peu plus important pour mieux le comprendre.

  Le style de M.Winterbottom est rèche, bref, il y a peu de dialogues, ça ne sombre pas dans le mélodrame, ce qui fait de Trishna une tragédie classe. Mais qui malheureusement, empêche la passion de nous transporter, nous spectateurs. Il y a pourtant la musique (sublime) de Umebayashi, compositeur du grand Wong Kar-wai et quelques ralentis qui pourraient nous faire penser à In the mood for love ou 2046, mais sans grande conviction. Néanmoins, la force de Trishna réside dans sa vision de l’Inde actuelle, vivante, moderne, pauvre, bruyante et dont les villes (ici Bombay) sont créatrices de rêve (Bollywood, le cinéma, la danse) en comparaison avec la campagne, au Rajasthan, plutôt synonyme de dur labeur et douleur (l’avortement forcé par les conventions sociales, les traditions plutôt lourdes, la place des femmes). Le réalisateur transpose l’Angleterre victorienne en plein changement industriel dans une Inde « contaminée par une lutte des classes omniprésente » comme le dit très bien le synopsis officiel. 

Trishna se révèle en définitive plutôt bon, c’est un film au contraire de facture honnête mais qui s’essouffle dans sa seconde partie et fait seulement planer le spectre de la passion sans jamais nous submerger. Un Michael Winterbottom qui n’a pas la puissance émotionnelle d’Un été italien ou d’Un coeur invaincu.

Trishna de Michael Winterbottom

Sortie le 18 octobre par BAC films.

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