L’Écume des jours

 

 

Michel Gondry, cinéaste fantasque, réussit un tour de magie : adapter le roman jugé inadaptable de Boris Vian, L’Écume des jours. Cette histoire c’est celle, romantique, de Colin qui rencontre Chloé, tombe follement amoureux puis, tragique, quand il découvre qu’elle a un nénuphar poussant dans son poumon. Peut-être une des plus belles histoires d’amour du 20e siècle et un des plus grands romans de la littérature française.

 

 

 

Le film, évidemment, divise. Il n’est pas aisé d’adapter la prose fantaisiste et cruelle de Vian. A mon sens, Gondry arrive à s’en emparer et à livrer son adaptation à la fois personnelle mais fidèle. Le piano-cocktail (ou pianocktail) est là, l’arrache-coeur aussi, quand à Jean-Sol Partre, il fait vibrer les foules, donc Chick, le meilleur ami de Colin. Michel Gondry a truffé son film de petits détails déjantés, d’œuvres toutes plus loufoques les unes que les autres. Il a également accordé une grande attention aux couleurs, notamment le passage des couleurs vives au noir et blanc, au fur et à mesure que Chloé dépérit sans que Colin ne puisse rien n’y faire. Le couple d’amoureux condamnés est d’une grâce folle, Romain Duris est touchant comme jamais tandis que Audrey Tautou est légère et pleine de charme (un peu à la façon d’une jeune Audrey Hepburn). Autour d’eux gravitent des seconds rôles magnifiques, Alise (Aïssa Maïga), Chick (Gad Elmaleh), Nicolas (Omar Sy), Charlotte Le Bon (Isis)…Si au début on a le sourire aux lèvres (la rencontre de Colin et Chloé, leur premier baiser, leurs sorties à la patinoire), l’ombre de la maladie et de la mort vient vite assombrir tout ça. On en avait presque oublié que l’Écume des jours n’est pas juste une histoire d’amour, mais également une critique de la société des années 40 (date de publication : 1947) : le coût de la vie (Chick n’arrive pas à payer ses impôts ni à vivre décemment) ainsi que le prix très élevé des médicaments (Colin se ruine pour payer les médicaments pour Chloé),  le commerce des armes, la médiatisation et l’addiction (Jean-Sol Partre), la police, la lutte des classes, la religion, les conditions de travail inhumaines…Mais sur l’air jazzy de Chloé de Duke Ellington, nos héros viennent de se rencontrer, dansent le biglemoi et ne savent pas encore la mort approche à grand pas. Savourons avec eux ces derniers moments de grâce.

 

Cette version de L’Écume des jours ne séduira pas tout le monde et n’est pas exempte de défauts, mais je vous la conseille vivement. Etant un des mes romans préférés, je ne pouvais passer à côté et je n’ai pas été déçue. 

 

2 thoughts on “L’Écume des jours

  1. Agréablement surprise par la découverte de votre site si joli et tellement original , tout y est bien conçu et très beau avec beaucoup de choix, c’est une merveille !! vos créations sont magnifiques et que dire de vos papiers -lettre , superbes !! Félicitations .
    Bien amicalement,

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