White Bird

White Bird

Gregg Araki revient à ses thèmes de prédilection (passage à l’âge adulte, sexualité) avec White Bird,adapté d’un roman de Laura Kasischke, White Bird in the Blizzard. Si l’histoire est moins débridée que Kaboom ou Smiley Face et moins sombre que Mysterious Skin, le cinéaste américain sait toujours filmer la jeunesse qui bouillonne, fragile et forte à la fois. Tout en conservant sa « patte », ce mélange de réalisme et d’irréalisme: les scènes de la mère de Kat, pleines de couleurs vives, ont l’air d’être un rêve, une sorte de « rêve ouaté ».

Ici, le drame côtoie le polar : un soir en 1985, la mère de Kat disparaît, laissant derrière elle ses affaires ainsi que son mari, inconsolable, et sa fille de 17 ans. Celle-ci analyse froidement la situation devant sa psy, pense que sa mère est partie car elle ne supportait plus son mari, qu’elle méprisait. Si sa mère lui manque ? Non, pas vraiment. Pourtant des rêves étranges commencent à peupler ses nuits. Le portrait de sa mère et leur relation se dessinent à travers des flash-backs, lorsque Kat parle à sa psy. L’héroïne va également commencer à réfléchir à la disparition de sa mère.

Si aux premiers abords le drame a l’air lisse, classique, il n’en est rien. Ce tableau de la vie américaine des années 80 se révèle bien plus noir que prévu. Araki filme les questionnements d’une jeune fille en pleine découverte de sa sexualité et de son pouvoir d’attraction, et en parallèle, la dépression d’une desperate housewife frustrée, enfermée dans une cage,qui voudrait plaire encore, qui sent sa beauté, sa jeunesse se faner. Les hommes sont également représentés, mais en second plan : le petit copain qui vit en face, le père, l’inspecteur de police. Tous trois convergent vers Kat et participent à son évolution, sa construction en tant que femme et son émancipation.

Mais si White Bird séduit, c’est surtout grâce à ses personnages, Kat et sa mère, et ses deux actrices, les impressionnantes Shailene Woodley et Eva Green. Cette dernière confirme qu’elle est décidément une grande actrice – n’en déplaise à certains. Elle dévoile ici toute l’étendue de son talent, tout à la fois femme frustrée, mère vieillissante et jalouse face à la jeunesse et la beauté de sa fille, dans ce qui est un de ses meilleurs rôles.

Arpès 4 ans d’absence, Gregg Araki revient en très grande forme dans un cinéma moins survolté et déjanté que ces précédents films. Mais toujours très fort. Durant 1h30, White Bird nous plonge dans les années 80, minutieusement reconstituées, avec Kat, héroïne qui s’interroge sur la disparation de sa mère. C’est beau, intense et d’une grande classe.

 

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