Quatrième film de Drake Doremus, toujours inédit en France (comme le précédent – voir ma critique de Like Crazy), Breathe In raconte l’histoire – d’attirance, d’amour – entre un homme marié et une jeune fille de 18 ans.
Keith Reynolds (sobre Guy Pearce) est un professeur de musique, marié, et dont la fille, Lauren, entre en terminale à la fin de l’été. Keith trouve un peu de liberté lorsqu’il joue du violoncelle dans un orchestre symphonique certains soirs à Manhattan. Un jour, arrive Sophie, une lycéenne anglaise (Felicity Jones, superbe), dans le cadre d’un échange scolaire. Keith commence à ressentir quelque chose pour la jeune femme, elle aussi musicienne.
La vie de couple, l’ennui, l’envie de liberté, de nouveauté. Des thèmes déjà vus, avec plus ou moins de finesse (souvent moins). Alors pourquoi Breathe In mérite-t-il que l’on s’y arrête ? Parce que la vision de Drake Doremus, jeune cinéaste promis à un bel avenir met cela en image avec beaucoup de pudeur et de sensibilité. Et parce qu’il filme cette rencontre, cet amour naissant, à travers la musique. Quand Keith et Sophie jouent, quand leurs mains effleurent leurs instruments, c’est un (beau) moment de cinéma, sensuel, comme une promesse, un moment de liberté que eux seuls peuvent vivre. Sans les regards inquisiteurs des autres. Drake Doremus confirme son style discret, subtile, caméra à l’épaule au plus près de ses personnages, tout en regards et silences (ses films sont avares en dialogues mais ne sont pas pour autant silencieux car accompagnés par les douces mélodies de Dustin O’Halloran) : ce sont tout ce qu’ils ont pour « vivre » leur amour interdit. Des regards et de la musique.
Quand cette retenue laisse place à la concrétisation de cet amour, au besoin de la chair, Breathe In perd en sensualité et surtout précipite un peu le film dans le drame classique, une famille qui explose de l’intérieur, la femme trompée, la fille perdue et trahie. La fin n’en est pas moins amère et triste. Moins vibrant et puissant que son précédent film, Like Crazy, Breathe In reste une jolie réussite, qui n’est malheureusement jamais arrivée en France.