Après le court métrage La règle de trois et un très beau moyen-métrage, Le petit tailleur (avec Léa Seydoux), Louis Garrel signe son premier long-métrage, Les Deux Amis, comédie dramatique sur deux amis…et une fille. Clément en est fou amoureux de la jolie Mona, vendeuse de sandwichs à la Gare du Nord à Paris. Éconduit par celle-ci, il demande à son meilleur ami, Abel, de l’aider.
Influencé par la nouvelle vague, de Truffaut à Demy, aidé par Christophe Honoré pour l’écriture du scénario, l’acteur français Louis Garrel impose son style, loin des comédies formatées. Librement inspiré des Caprices de Marianne, il filme un vaudeville de son temps, une sorte de ménage à trois, un film sur l’Amitié, l’Amour et la Liberté. C’est assez mélancolique, parfois agaçant, parfois drôle, souvent attachant. Si on sent que Louis Garrel (qui joue Abel) filme avec beaucoup d’amour la sublime actrice iranienne Golshifteh Farahani (son ex-compagne, qui traverse le film avec grâce, pudeur et liberté), c’est finalement sa relation avec son ami Clément (Vincent Macaigne, excellent en amoureux transi un peu dépressif) qui nous touche le plus. Le jeune réalisateur filme l’amitié de deux mecs, très différents, amenés à se jalouser à cause d’une femme. A la tester aussi, et peut-être prendre conscience que certaines amitiés ne sont pas faîtes pour durer, qu’à un moment ça ne « marche » plus. Un constat plutôt triste, certes, mais qui ne nuit pas au film, mélancolique mais jamais déprimant.
Il faut souligner les beaux dialogues, quelques scènes très belles et une excellente musique. Néanmoins, Les Deux Amis est un film assez lent et ceux qui n’aiment pas Louis Garrel et son style « nouvelle vague » risque de rester à la porte. Inégal mais sympathique, porté par un trio d’acteurs en grande forme, Les Deux Amis n’a pas à rougir de son entrée dans le cinéma français.