Macbeth

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L’australien Justin Kurzel, qui avait secoué la Croisette avec Les Crimes de Snowtown, adapte le texte de Shakespeare, plus de 60 ans après la version d’Orson Welles. Une adaptation plein de bruit, de sang et de fureur. Adapter Shakespeare n’est pas donné à n’importe qui. Baz Luhrmann y était – brillamment- arrivé, selon moi, avec sa version moderne de Roméo et Juliette. Justin Kurzel préfère un texte beaucoup plus sombre : Macbeth.

L’histoire se déroule en Ecosse, au 11e siècle. La guerre fait rage. Macbeth et son armée remporte la victoire pour le roi Duncan. Mais sur le champ de bataille, apparaissent trois sorcières qui lui prédisent un avenir royal : Macbeth deviendra roi. Lui et sa femme, Lady Macbeth, vont alors mettre sur pied un plan machiavélique pour assassiner le roi et prendre le pouvoir…

Cette nouvelle adaptation est un film saisissant, prenant et puissant. C’est une histoire passionnante, où l’on voit un couple basculer dans la folie, où un homme rongé par l’ambition se retrouve hanté, torturé, par les remords et les visages de ceux qu’il a tué. Une grande tragédie shakespearienne que le réalisateur met en scène de manière moderne tout en gardant l’esprit de la pièce. Macbeth, le film, est visuellement grandiose, époustouflant ! Il y un gros travail sur les couleurs, et des paysages somptueux. Si le film est plutôt sombre, il se teinte de soufre dans sa dernière scène, le feu embrasant l’écran. Il faut saluer l’excellent travail du directeur de la photographie Adam Arkapaw, qui avait déjà travaillé sur le précédent film du cinéaste mais également sur le très bon Animal Kingdom. Visuellement, c’est impeccable et cela retranscrit parfaitement l’atmosphère sombre, inquiétante et un peu fantastique. Jed Kurzel s’est mis au diapason avec une bande sonore qui participe à l’ambiance et colle aux sentiments torturés et à la folie grandissante des deux personnages principaux. A la manière de Zack Snyder (300), Justin Kurzel utilise les ralentis pour moderniser son film. Cela peut souvent être lourd comme effet de style, mais ici c’est utilisé avec parcimonie. Et c’est tellement beau esthétiquement que les scènes deviennent des œuvres d’art, comme des tableaux.

Sur la forme, Macbeth est une réussite. Qu’en est-il du fond ? Les dialogues proviennent du texte de Shakespeare, c’est un régal pour l’oreille. Je vous conseille de (re)lire la pièce, c’est un très beau texte. Mais il faut donc savoir l’interpréter. Le grand Orson Welles l’a fait il y a longtemps. Pour lui succéder le tout aussi grand Michael Fassbender, qui embrasse le rôle de Macbeth dans toute sa complexité, sa folie et sa noirceur. Il est de quasiment toutes les scènes et s’impose avec son charisme rare. Son Macbeth est émouvant, fragile et fort à la fois. La scène du banquet où il voit le fantôme de Banquo est superbe, terrifiante et triste, face à cet homme rongé par la culpabilité. Marion Cotillard arrive à s’imposer aux côtés de l’acteur irlandais dans son rôle de femme forte, qui se rend compte trop tard qu’elle a fait basculer son mari dans la barbarie et la folie.

Une réussite pour Justin Kurzel. D’une beauté visuelle époustouflante et porté par de grands acteurs, son film retranscrit dans le sang la tragédie shakespearienne de Macbeth. Un homme rongé par l’ambition et aveuglé par la gloire et le pouvoir qui sombrera dans la folie après de nombreux meurtres. En compétition au Festival de Cannes mais revenu bredouille, projeté dans les derniers jours du festival, je ne peux que vous conseiller de découvrir sur grand écran cette belle adaptation.

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