L’humoriste Kheiron, qui a débuté au Jamel Comedy Club et que l’on a pu voir dans Bref, signe un joli premier film : « Nous trois ou rien ». Il y raconte l’histoire de sa famille, de ses parents qui ont grandi en Iran sous le régime du Shah et qui ont fuit le pays en 1984 durant la dictature de l’ayatollah Rouhollah Khomeini.
Son père, Hibat (qu’il interprète lui-même) se découvre une conscience politique jeune homme et devient militant pour la démocratie. Enfermé par le Shah (Alexandre Astier lui-même) pendant près de 8 ans, il est torturé pour avoir refusé de manger un gâteau offert pour l’anniversaire du Shah. A sa sortie, il rencontre la belle Fereshteh (Leïla Bekhti, excellente) dont il tombe fou amoureux et qu’il épouse. Les deux militants continuent de lutter contre le nouveau régime, tout en éduquant leur fils, Kheiron. Mais ils sont obligés de fuir le pays et se retrouvent à Paris, en Seine-Saint-Denis. Le couple va alors participer activement à la vie associative de la cité.
Ce film est une belle déclaration d’amour à ses parents. Mais aussi un film sur la tolérance, qui prône le respect et le vivre-ensemble. Cela aurait pu être naïf mais Kheiron trouve le bon équilibre entre rires et émotions. Le contexte politique est posé par la voix-off (de Hibat) mais reste assez superficiel. Kheiron ne cherche pas à faire un film politique mais plus un feel-good movie, un film qui rassemble, plein d’espoir et de tolérance en ses heures bien sombres. Les scènes en prison sont plus comiques que tragiques, portées par une galerie de personnages en forme (on y croise Kyan Khojandi avec une barbe, Jonathan Cohen, Arsène Mosca) et forts en vannes. Le jeune réalisateur élude rapidement les conséquences (psychologiques) de la prison et des longues années de torture. On aurait aimé un peu plus d’aspérités dans les personnages. Mais ne boudons pas notre plaisir, car Nous trois ou rien est un très bon divertissement, très humain. La deuxième partie du film débute à l’arrivée de la famille en banlieue parisienne. Leur travail et investissement dans la vie associative est impressionnant ! Kheiron utilise les clichés autour de la banlieue, nous fait rencontrer des personnages hauts en couleur mais rappelle à quel point il est important de s’ouvrir à l’autre, de partager, d’échanger.
Un joli film social et humain sur la tolérance qui raconte l’histoire assez extraordinaire des parents de Kheiron, exilés en France. Leur soif de justice, d’amour et d’ouverture d’esprit force le respect. Drôle et émouvant, une divertissement qui touche et redonne le sourire.