Hungry Hearts

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Le film s’ouvre sur un long plan séquence, absurde, romantique et drôle. Mina et Jude se retrouvent enfermés dans les toilettes d’un restaurant chinois. Le jeune homme est malade, et l’odeur devient rapidement insupportable pour elle. Agacée, elle finit toutefois par se laisser séduire. Ils sont jeunes et tombent vite amoureux. Il est new-yorkais, elle est italienne. Elle tombe enceinte, ils se marient. C’est une histoire d’amour. Puis un film d’horreur. Le couple se replie sur lui-même. Mina mange peu, trop peu, souhaite accoucher de manière naturelle. Leur bébé ne sera pas ordinaire, il sera exceptionnel. Sauf que pour le préserver du monde extérieur, elle s’enferme avec le bébé dans l’appartement et le nourrit seulement de légumes. Inquiet, Jude profite de l’absence de sa femme pour l’amener chez le médecin. Qui lui apprend que leur enfant souffre de malnutrition, autrement dire, qu’il n’est pas assez nourrit et est en danger. Tout bascule.

C’est une histoire d’amour, celle d’un homme et d’une femme, mais aussi d’une mère pour son enfant. Un amour toxique, qui fait plus de mal que de bien. L’amour comme élément destructeur et négatif. Le réalisateur italien, Saverio Costanzo, réalise un huit clos étouffant, oppressant, terrifiant. Il filme le basculement d’une mère dans la folie et la difficulté pour le père d’intervenir. Hungry Hearts est une pépite, un drame psychologique passionnant, qui coupe le souffle. Cette spirale infernale se referme sur le couple avec une rapidité confondante. La mise en scène accentue le sentiment d’oppression : gros plans au plus près des personnages pour renforcer l’idée d’enfermement (autant physique que psychologique) et l’utilisation du grand angle. Le cadre familial devient nocif. Le couple est rapidement englué dans cette noirceur. Rien de bon ne pourra en sortir.

Il fallait deux acteurs exceptionnels pour incarner Jude et Mina. Adam Driver et Alba Rochwarter ont été récompensé par un prix d’interprétation à la Mostra de Venise. Ils le méritent amplement. Si la plupart des spectateurs ont découvert l’existence d’Adam Driver dans le dernier Star Wars, il faut rappeler que celui-ci s’était fait remarqué dans la série Girls puis notamment While we’re Young de Noah Baumbach. Dans Hungry Hearts, il est stupéfiant. Tout comme sa partenaire. Leurs performances permettent vraiment au film d’exister et de marquer le spectateur. Comment ne pas s’attacher et prendre en pitié ce couple puis craindre le pire avec/pour eux ?

Hungry Hearts a été comparé au Rosemary’s Baby de Polanski, mais Saverio Costanzo arrive à surprendre et à raconter sa propre histoire. Une histoire d’amour(s) fou(s) qui fait froid dans le dos.

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