Il est intéressant de découvrir sur les écrans Spotlight quelques semaines après El Club de Pablo Larrain. Le réalisateur de No (2012) avait changé complètement d’univers, de ton et de thème, pour livrer un film très très glauque sur des prêtres pédophiles enfermés dans une maison et surveillés. Le réalisateur de Spotlight, Tom McCarthy, évite le côté glauque du sujet ainsi que le tire-larmes ou le racoleur, pour raconter l’histoire de journalistes ayant découverts que plusieurs prêtres de Boston avaient abusés d’enfants. Mais ne s’étaient jamais fait attrapés, l’Eglise catholique les ayant protégés, couverts.
Inspiré de faits réels, le film raconte comment pendant 12 mois une équipe de journalistes baptisée Spotlight du Boston Globe a enquêté sur un réseau de prêtres pédophiles et a reçu le prix Pulitzer à la fin de cette enquête, après environ 600 articles. Une enquête passionnante, un film à « l’ancienne » dans lequel des journalistes vont sur le terrain, carnets à la main, un hommage aux films des années 70 dans la lignée des Hommes du Président (1976). L’enquête est menée tambour battant, et même s’il n’y a pas de grands rebondissements, on est rapidement captivé par cette quête de la vérité. Tom McCarthy souhaite rendre un bel hommage à la presse papier et aux journalistes d’investigation tout en dénonçant l’horreur de ce qui est arrivé à ces enfants. El Club, le film chilien, est passé inaperçu lors de sa sortie (et s’adressait à un public averti), mais il est bien et important qu’un film plus « grand public » rappelle à tous les spectateurs ce scandale, pas si vieux que ça (c’était il y a à peine 15 ans !). Spotlight ne se perd pas en surenchère d’effets et d’artifices, préfère les faits, et raconte avec beaucoup de minutie et de rigueur l’enquête. Le casting très sobre (Michael Keaton, Rachel McAdams, Mark Ruffalo, Stanley Tucci, Liev Schreiber) sait se mettre au service de l’histoire. Une histoire qui fait froid dans le dos, qu’on voudrait fictive mais qui est malheureusement bien réelle.