Dalton Trumbo

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La vie de Dalton Trumbo, scénariste américain communiste, méritait son film. Car Trumbo n’est pas un simple scénariste, mais un scénariste accusé de communisme en 1947. Il sera un des « Dix d’Hollywood » qui ont refusé de répondre à la commission si oui ou non ils étaient communistes. Condamnés pour outrage au Congrès, les Dix purgeront une peine de plusieurs mois en prison et seront mis sur la liste noire d’Hollywood, les empêchant ainsi de pouvoir travailler. Le maccarthysme et sa chasse aux sorcières est un sujet peu porté à l’écran, cette période restant tabou pour les américains. C’est Jay Roach qui porte sur grand écran l’histoire de Dalton Trumbo, scénariste (puis réalisateur) de génie méconnu du grand public qui se cache derrière des monuments de cinéma tels que Vacances Romaines ou encore Spartacus. Jay Roach c’est au départ Austin Powers et Mon beau-père et moi. Mais entre deux comédies, on peut voir que le réalisateur s’intéresse de très près à la politique puisqu’il a réalisé quelques longs-métrages pour le cinéma et la télévision autour de cette thématique. Dalton Trumbo, le film, se révèle un passionnant et fascinant portrait d’homme mais également de l’époque troublée dans laquelle il  vivait.

A l’aide d’une mise en scène sobre, classique, mais efficace (parsemée d’images archives et de reconstitution de scènes clés), Jay Roach nous fait découvrir le destin de ce scénariste au sommet de la gloire en 1946 qui perdra beaucoup quelques mois plus tard lors de son procès. Emprisonné, séparé de sa famille puis interdit de travailler, Trumbo va démontrer d’une force exceptionnelle quand tout le monde lui tournera le dos, car il est communiste. Le réalisateur nous montre un homme déterminé, tenace, généreux, qui refuse d’abandonner ses idéaux et ce en quoi il croit. Mais Trumbo n’est pas une hagiographie : Roach nous montre aussi l’alcoolisme, la distance qui s’établie entre lui et sa famille, ses crises de nerfs, son refus d’accepter que certaines choses ou personnes ne veulent pas la même chose que lui. La deuxième partie du film – qui commence quand il sort de prison – est sans doute la meilleure, la plus drôle et la plus émouvante. Pour pouvoir nourrir sa famille, il décide de travailler sous des pseudonymes avec les rares personnes qui se moquent d’engager un communiste blacklisté : ses « sauveurs » seront les frères King qui possèdent une boîte de production de films de séries Z – autrement dit des navets. Ils lui demanderont d’écrire et de réécrire des dizaines de scénarios sous pseudonymes, permettant à Trumbo de remonter la pente et d’écrire sa légende. Car pendant que Hedda Hopper (interprétée par Helen Mirren), célèbre chroniqueuse, crache son venin contre les communistes et fait tout pour les empêcher de travailler, Trumbo va décrocher dans l’ombre deux oscars pour ses scénarios ainsi que l’intérêt d’une star, pas n’importe laquelle : Kirk Douglas.

Pour les amateurs de cinéma, Dalton Trumbo est jouissif et passionnant car on y croise de nombreuses stars (parfois interprétées par des acteurs, parfois provenant d’images d’archive) et anecdotes sur le cinéma hollywoodien de l’époque. Si Jay Roach pointe du doigt cette chasse aux sorcières injuste qui va causer de grands dommages dans la vie des accusés, critique certaines personnalités (Hedda Hooper, John Wayne), il retranscrit avec passion l’univers des années 40-50. Et pour camper Dalton Trumbo, il a eu la très bonne idée d’engager Bryan Cranston (Walter White de Breaking Bad). L’acteur est fascinant, excellent, très ressemblant du vrai Trumbo. Ce grand rôle lui déroule le tapis rouge. A noter que Cranston et Jay Roach ont collaboré pour un téléfilm HBO, All The Way, dans lequel l’acteur interprétera le président Lyndon Johnson.

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