C’est tellement jouissif d’être un salopard ! Face à une menace aussi énigmatique qu’invincible, l’agent secret Amanda Waller réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu’aux dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s’embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu’au moment où ils comprennent qu’ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ?
Évacuons dès le début si vous le voulez bien, en quoi ce Suicide Squad tant attendu est une déception pour beaucoup de spectateurs. On s’attendait à un film de super-vilains déchaîné, transgressif et adulte, on se retrouve au final avec un film où règne le consensuel, au scénario mauvais et à la réalisation brouillonne. Mais comment a-t’on pu en arriver là ? Ayant subi des reshoots récemment, le film que l’on peut voir en salles n’a plus rien de ce que l’on pouvait espérer il y a un an. Pour commencer, David Ayer, le cinéaste, peine à imposer un style et une cohérence à l’ensemble avec un montage haché, des effets spéciaux moches. Mais surtout cela pêche au niveau du scénario, juste mauvais. Après une introduction très rapide des personnages de la Suicide Squad, l’intrigue avance tranquillement, sans aucun suspense ni dynamisme. C’est triste, alors qu’on a pu voir des films comme la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan, exigeants et intelligents, bien construits et bien écrits.
L’accent a été principalement mis sur les personnages de Deadshot et de Harley Quinn qui bénéficient de plus de scènes et d’une attention particulière…mais pas forcément pour le meilleur ! En effet, le premier, joué par Will Smith, se révèle décevant en père de famille torturé (en mode ma fille, ma bataille). Où est le film complètement barré qu’on attendait ? Plein de super-vilains et non de vilains-qui-sont-en-fait-des-gentils ? Suicide Squad rentre pleinement dans les clous du politiquement correct et du consensuel en quelques scènes. Quand à Harley Quinn, brillamment incarnée par Margot Robbie, déjantée, elle est traitée de manière très sexiste, ce qui m’a fait plutôt bondir. Allusions sexistes, regards de la caméra racoleurs et un « short » beaucoup trop court pour être décent. Cette sexualisation du personnage n’apporte vraiment rien au film et au scénario, et s’il y a une suite, j’espère que Margot Robbie portera un short un peu plus long, ce qui n’enlèvera rien à son talent d’actrice. Quant au personnage du Joker (dont le flambeau a été repris par Jared Leto) il est sans doute l’arnaque du film : il n’apparaît que très peu (comptez quelques minutes au total sur un film de 2h) et n’arrive pas à la cheville du Joker de Heath Ledger (The Dark Knight). Néanmoins, on aimerait bien en voir un peu plus !
Bref, des personnages pauvres, un scénario qui s’embourbe dans une histoire décevante et au ton consensuel, font de Suicide Squad un film raté, qui tient peu de promesses (dommage la bande-annonce donnait envie !) et qui se contentera d’être un blockbuster de plus sans ambition ni âme. Si vous n’en attendez rien, il se laissera gentiment regarder. Les plus exigeants se tourneront plutôt vers la série Netflix, « Jessica Jones », héroïne bad-ass et transgressive, elle. Et qui n’a pas besoin de short indécent pour sauver le monde et séduire !