Beaucoup se sont écriés au chef d’oeuvre durant le Festival de Cannes, et pourtant Toni Erdman a été un des grands oubliés du palmarés. Reparti bredouille, le troisième film de Maren Ade n’en reste pas moins très beau, à la fois drôle et émouvant. La jeune réalisatrice met en scène un père qui va essayer de mettre du rire et de la fantaisie dans la vie de sa fille, working girl ambitieuse. Dès la scène d’ouverture, on a compris que Winfried est un farceur, un homme qui aime rire et fait rire. Lorsqu’il débarque à Bucarest chez sa fille, il dynamite sa vie bien rangée en créant le personnage de Toni Erdmann. Les acteurs sont absolument formidables, Peter Simonischek qui porte la perruque façon serpillière sans aucune honte ni gène, et Sandra Hüller dans le rôle complexe de Ines, jeune femme qui va se remettre en question. Est-elle réellement heureuse ?
C’est passionnant même si les 2h40 accusent quelques petits coups de mou, et à défaut de l’avoir trouvé hilarant comme beaucoup de journalistes le disent, j’ai trouvé un réel équilibre entre l’humour et l’émotion. Si Winfried/Tony tente de faire rire sa fille, c’est aussi un moyen de la connaître, de découvrir son univers dans lequel il a bien conscience de ne plus faire partie. Il ya beaucoup d’amour dans cette histoire et le personnage du père m’a beaucoup ému. Maren Ade aborde également l’air de rien la difficulté en tant que femme de trouver sa place et de se faire respecter parmi le maschisme ambiant (voir la rencontre entre le client très important et Ines ). Si au départ Ines paraît un peu antipathique, le film nous dévoile peu à peu ses failles et la scène de son anniversaire reste un sommet de comédie !
Je vous laisse découvrir par vous même ce film remarquable qu’est Toni Erdmann, petite merveille venue d’Allemagne qui saura vous toucher !