Moi, Daniel Blake

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Deuxième Palme d’or pour le réalisateur anglais Ken Loach (après Le vent se lève en 2006). Avec Moi, Daniel Blake, Ken Loach continue son cinéma engagé et social, un cinéma coup de poing où l’on peut voir de moins en moins d’espoir. Si vous cherchez du réconfort, passez votre chemin. Moi, Daniel Blake est une lourde charge contre l’administration inhumaine et l’individualisme de notre société. Daniel Blake, donc, a 59 ans et est menuisier. Ou plutôt l’était jusqu’à ce qu’il ait une crise cardiaque. Au bout de quelques mois, on lui coupe ses aides qui lui permettaient de (sur)vivre : il est jugé apte à retourner travailler selon l’administration, et il doit donc chercher un travail. Sauf que ses médecins lui interdisent de reprendre le travail, sa santé étant encore trop fragile. D’aberrations en aberrations, Daniel Blake va essayer de lutter. Il trouve du réconfort en aidant une jeune mère célibataire, Katie, et ses deux enfants. Ils vont s’entre-aider face aux lourdeurs administratives et au manque d’humanité. C’est un film qui donne envie de se révolter. Bon, Ken Loach et Paul Laverty (le scénariste) en rajoutent peut-être un peu trop, c’est souvent mélo – sans être misérabiliste -, un peu manichéen, mais la réalité est que ce genre de situation arrive très souvent. Beaucoup trop de personnes perdent tout face à une société et une administration injustes, qui les humilient. Daniel Blake essaie de rester digne jusqu’au bout de son combat, même quand il voit tout s’effondrer autour de lui. Il vacille mais ne plie pas. Se heurte à des murs, à de l’incompréhension. Il passe des heures au téléphone, remplit des formulaires en ligne alors qu’il ne sait pas utiliser un ordinateur. Dave Johns dans le rôle de Daniel Blake, inconnu jusqu’à présent, est très bien, tout en pudeur. Sa tenacité et son humour impressionnent et émeuvent. Quand à Hayley Squires, qui interprète Katie, mère de famille ayant dû quitter Londres sans rien, elle est bouleversante. Ce tableau de notre société actuelle fait froid dans le dos. La fin abrupte et glaçante laisse un goût amer. A 80 ans, Ken Loach, plein de rage et de fureur, n’a pas baissé les bras ni les armes et continue son cinéma, souvent décrié mais aussi beaucoup apprécié. Politique et bouleversant, Moi, Daniel Blake ne vous laissera pas de marbre.

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