Une vie

 

Normandie, 1819. A peine sortie du couvent où elle a fait ses études, Jeanne Le Perthuis des Vauds, jeune femme trop protégée et encore pleine des rêves de l’enfance, se marie avec Julien de Lamare. Très vite, il se révèle pingre, brutal et volage. Les illusions de Jeanne commencent alors peu à peu à s’envoler.
Dans la lignée des héroïnes de la littérature qui n’ont vraiment pas de chance et qui sont assez agaçantes (Madame Bovary, Tess d’Ubervilles…), voici Jeanne. L’héroïne de Une vie, le roman de Maupassant, voit son histoire mise en scène par Stéphane Brizé, réalisateur de talent à qui l’on doit Mademoiselle Chambon et La loi du marché, pour ne citer qu’eux, mais il y en a d’autres. A la manière de Andréa Arnold et sa version des Hauts de Hurlevent (2012), le cinéaste livre une oeuvre minimaliste et contemplative. La simplicité est de mise, peu de musiques, quelques personnages seulement et de nombreuses ellipses (pas dérangeantes pour la continuité de l’histoire), voilà le parti pris de Brizé. L’oeuvre pourra en ennuyer certains, mais elle vaut vraiment le coup d’oeil. On ne s’ennuit pas grâce aux acteurs formidables, Judith Chemla en tête, qui trouve ici, enfin, un premier rôle à la hauteur de son talent. Le scénario, comme l’écriture de Maupassant, n’est pas tendre avec la petite bourgeoisie de l’époque. Il y a néanmoins une certaine sensibilité pour cette femme trompée qui essaie de rester digne au fil des années et qui voit sa vie passer. Une vie faîte de choix, consentis ou non, certains plus difficiles à accepter que d’autres, faîte de saisons qui passent, de joies et de souffrances. Dommage que l’émotion et le romanesque ne soient pas au rendez-vous, empêchant l’oeuvre de séduire complètement le spectateur.
 

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