Vous en avez peut-être marre d’entendre parler de La la land, de lire partout que c’est une merveille, un enchantement. Vous attendez peut-être celui ou celle qui le débinera. Pas de chance, ce ne sera pas ici. Car le film de Damien Chazelle est tout ça, merveilleux, enchanteur, et un peu plus encore. Deux ans après l’excellent Whiplash, qui abordait la musique comme un combat, un morceau de bravoure fait de sang et de sueur, le jeune cinéaste revient à ses premiers amours, Jacques Demy, ses parapluies de Cherbourg et les comédies musicales. La la land commence sur une scène (en)chantée formidable dans un embouteillage qui donne le ton (ou plutôt le la !) du long-métrage.
Bienvenue dans le La la land, ce Los Angeles hors du temps, nostalgique et moderne à la fois, cet endroit où les fous rêvent. C’est l’histoire de Mia, une jeune actrice qui travaille dans un café en attendant l’audition qui la fera décoller, et de Sebastian, un passionné de jazz qui rêve d’ouvrir son propre club de musique. Au coeur de la cité des anges ils vont se rencontrer et tenter de s’aimer tout en poursuivant leurs rêves. La la land donne envie d’être amoureux et célèbre la vie, le cinéma, la musique, l’amour, les rêves.
De Jacques Demy à La fureur de vivre (la scène du planétarium), en passant par Ingrid Bergman, Fellini et les comédies musicales hollywodiennes (Un américain à Paris, Chantons sous la pluie…), les références abondent sans pour autant écraser le film. Damien Chazelle, tout juste 30 ans, livre une déclaration d’amour au cinéma et à la musique, hors du temps, intemporelle, à la fois vintage et moderne. Dans La la land les personnages sont habillés comme sortis tout droit d’un film des années 50, se mettent à faire des claquettes et chanter jusqu’à ce que la sonnerie d’un smartphone les interrompe. La la land est visuellement superbe, la mise en scène inventive, chaque pas est chorégraphié (par Mandy Moore) et le tout ressemble à un ballet d’une virtuosité limpide, implacable, proche de la perfection. Et porté par une bande-son fantastique, composé par Justin Hurwitz, aux mélodies entêtantes, qui a tout pour devenir culte.
Sous les abords de la simplicité (une simple histoire d’amour ?), le film de Damien Chazelle se révèle bien plus dense et intelligent. Il évite la sensiblerie, le mélodrame nunuche, pour livrer le portrait délicat d’un couple, qui se heurte à la difficulté de réaliser ses rêves, aux concessions et aux sacrifices, au monde moderne. Sebastian, interprété par l’excellent Ryan Gosling, est un puriste, un romantique, un fanatique de jazz qui a du mal à évoluer, comme bloqué dans un passé qu’il voit comme parfait, immuable. L’acteur est formidable, sensationnel, moue boudeuse, regard brillant, séducteur et charmeur. Il sait décidément tout faire, tout jouer. A son bras, c’est la jolie rousse Emma Stone, d’une grâce et d’une légèreté sans pareil, sa voix grave et ses grands yeux plein d’espoir et d’étoiles. Leur duo est tout simplement romantique, incontournable, une évidence (d’ailleurs c’est leur 3e collaboration après Crazy, Stupid, Love et Gangster Squad). Damien Chazelle ne s’est pas trompé.
Ambiance jazzy pour une comédie musicale douce-amère, mélancolique et nostalgique, qui laisse sur une interrogation bouleversante : si l’accomplissement de ses rêves a un prix, cela en valait-il le coup ? Un grand film à ne rater sous aucun prétexte.
Autant j’ai adoré Whiplash, autant je n’ai pas aimé La la land… Dommage, je ne suis sans doute pas assez fleur bleue et la la land ne m’a guère réconciliée avec les comédies musicales 😉
Au suivant 😀