Neruda

1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète.
Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire

Le prolifique Pablo Larrain, cinéaste chilien, voit deux de ses derniers films sortir à un mois d’intervalle à peine. Ce mois-ci c’est son portrait de Neruda que l’on peut découvrir en salles (présenté à la Quinzaine des réalisateurs 2016), et le 1er février ce sera celui de Jackie Kennedy, interprétée par la grande Natalie Portman qui sortira sur les écrans. On espère ainsi pouvoir se consoler avec ce dernier, car Neruda ne m’a trop emballée pour être franche. J’avais beaucoup aimé No (2013) mais pas du tout El club (2015), très (trop ?) glauque et dérangeant. Mais revenons à Neruda, film étrange, tourné comme un film policier des années 40. En racontant la traque entre l’inspecteur Óscar Peluchonneau (Gael Garcia Bernal, excellent) et le poète-sénateur Pablo Neruda (Luis Gnecco, très bon), le réalisateur s’amuse avec les codes du genre policier, qu’il reprend tous, et tant pis si parfois ça fait cliché (de la voix off à la musique typique en passant par la traque inspecteur-fuyard). Cela peut déconcerter mais on s’y fait vite, même si la voix off peut sembler pesante par moment. C’est long et dense, on s’y perd souvent pour peu que l’on ne connaisse pas l’histoire du Chili. La mise en scène, inventive, montre plusieurs scènes filmées par différents points de vue : comme si le réalisateur ne savait pas quelle était la vérité donc il en a choisi plusieurs pour ne pas imposer sa propre vision. C’est osé, mais intéressant. Comme sa vision de Neruda, figure légendaire que le cinéaste s’amuse à déconstruire en montrant le poète comme un homme narcissique et arrogant. Mais ce qui manque vraiment à ce Neruda, c’est de l’émotion. Pablo Larrain développe toute une réflexion sur le réel et la fiction, fort juste et intéressante, mais le film reste coincé dans l’exercice de style peinant à toucher et émouvoir. Des idées de cinéma mais pas vraiment de souffle ni de coeur.

 

 

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