Un an à peine après Midnight Special (une belle incursion dans le genre de la science-fiction), Jeff Nichols revient avec Loving, présenté au dernier Festival de Cannes mais revenu bredouille. C’est pourtant une petite merveille, une oeuvre pleine de pudeur et de grâce. Ce film retrace le combat des Loving, Richard et Mildred, qui se sont mariés. Mais il est blanc et elle est noire, nous sommes en 1958 et l’état de Virginie interdit le mariage interracial. Le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu’il quitte l’État. Mais ils continueront à se battre allant jusqu’à la Cour Suprême.
Les films de Jeff Nichols sont formidables, disons le tout net. Le cinéaste sait aller à l’essentiel, dire beaucoup avec peu de mots (à l’instar de son personnage principal, Richard Loving). Filmer les visages, les corps, les petits gestes du quotidien. Chercher la poésie et la beauté, tout le temps, partout. Et à nouveau l’amour. Car le film, qui porte très bien son nom, est un grand film d’amour, délicat et digne mais bouleversant. Sans jamais être misérabiliste, ni froid, ni niais. C’est un film d’amour mais aussi un film social et politique, qui raconte un combat mené dans les années 50 mais qui résonne malheureusement encore à l’heure actuelle. Avec Loving, Jeff Nichols rappelle que la tolérance, le respect et l’ouverture aux autres sont nécessaires. Pour incarner Richard et Mildred Loving, il a choisi deux excellents acteurs qui donnent chair et âme à leurs personnages : Joel Edgerton en taiseux au grand coeur, qui préfère les regards aux longs discours et Ruth Negga, dont la grâce et l’élégance sont sans pareil. Après Shotgun Stories, Take Shelter, Mud et Midnight Special, Jeff Nichols rajoute un nouveau grand film à sa filmographie remarquable. On lui souhaite de continuer à raconter des histoires et surtout des portraits d’hommes et de femmes, dont le destin se révèle à chaque fois passionnant et émouvant.
Un beau film 🙂