Moonlight

Une semaine après la sortie de La la land, l’autre grand favori aux Oscars est sorti en salles : Moonlight (Golden Globes du meilleur film dramatique). Le premier film de Barry Jenkins est un beau film sur l’éveil à la sexualité d’un jeune garçon noir, qui se cherche. Divisé en trois parties, le film se focalise sur trois périodes de sa vie : enfant, quand il rencontre un dealer, Juan, qui va s’occuper de lui ; ado, quand il découvre les premiers émois de l’amour avec un autre garçon et la violence dont il est victime à cause de sa « différence » ; et dix ans plus tard, adulte, endurci par la vie et par les épreuves qu’il a traversé. C’est d’une grande finesse et plein de pudeur. Les deux premières parties sont les plus réussies. Barry Jenkins a bien retranscrit la violence de l’enfance, la cruauté des enfants, le harcèlement, les questionnements. Comment ne pas s’insurger devant la détresse de Chiron, surnommé « Little », délaissé par sa mère, perdu, qui cherche sa place ? Ce qui manque clairement dans la troisième partie (celle où Chiron est adulte) c’est la puissance. A force de tout intérioriser, Moonlight ne nous bouleverse pas, nous laisse un peu en dehors, alors qu’on ne demandait que ça. Y entrer complètement. C’est un très beau portrait d’homme qui se dresse durant les deux heures que durent le film. Au niveau intime mais également sociétale. Par petites touches (notamment le personnage de la mère, jouée par Naomi Harris), Barry Jenkins retranscrit les quartiers chauds et difficiles de Miami, les problèmes de drogue, le racisme. Raconte comment on grandit dans la violence et les traces que cela laissent. Comment la tolérance et l’acceptation de l’autre sont nécessaires. Heureusement, Moonlight ne sombre jamais dans le misérabilisme, évite les clichés et finit sur une touche d’espoir. Non, Moonlight n’est pas le chef d’oeuvre annoncé, mais il mérite vraiment qu’on s’y attarde. Notamment pour ses excellents acteurs quasi-inconnus : Alex R.Hibbert (Chiron enfant), Ashton Sanders (Chiron ado), Trevante Rhodes (Chiron adulte) et l’excellent Mahershala Ali (découvert dans la série House of cards), touchant en dealer au grand coeur.

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