Gaspard va au mariage

Après s’être tenu prudemment à l’écart pendant des années, Gaspard, 25 ans, doit renouer avec sa famille à l’annonce du remariage de son père. Accompagné de Laura, une fille fantasque qui accepte de jouer sa petite amie le temps du mariage, il se sent enfin prêt à remettre les pieds dans le zoo de ses parents et y retrouver les singes et les fauves qui l’ont vu grandir… Mais entre un père trop cavaleur, un frère trop raisonnable et une sœur bien trop belle, il n’a pas conscience qu’il s’apprête à vivre les derniers jours de son enfance.

Coup de coeur pour le nouveau film de Antony Cordier (son précédent film Happy Few remonte à 2010 !). Ce conte loufoque, mélancolique et fantasque se penche sur quelques jours de la vie de Gaspard, jeune homme revenant dans sa famille, qu’il a fui longtemps, pour le remariage de son père. Le ton décalé est donné dès le début, lors de la rencontre entre Gaspard et Laura, qui acceptera de le suivre se faisant passer pour sa petite amie. Le zoo familial sera le terrain de jeu du réalisateur, qui n’aura de cesse durant 1h40 de nous conter la fin d’une enfance, celle de Gaspard, mais aussi de ses frères et sœurs. La famille, les relations au sein d’une fratrie, un sujet peu original il est vrai. On l’a vu l’année dernière dans le très beau Ce qui nous lie de Cédric Klapisch. Mais Antony Cordier mêle sensualité et fantaisie, ce qui est moins fréquent dans le cinéma français. Sans oublier d’être drôle.

Il y a une sœur possessive qui à la manière de Peau d’Âne, vit avec une peau d’ours sur le dos. Un frère terre à terre qui essaie de tout porter à bout de bras, sans beaucoup de reconnaissance. Un père réalisant infidélités sur infidélités, mettant à mal sa relation présente. Il y a le danger qui rôde, des bêtes qui attaquent les animaux du zoo. La réalité, aussi, qui s’insinue dans ce décor paradisiaque : les finances sont trop basses, au point de devoir envisager de vendre. Gaspard va se heurter au monde de son enfance, essayer de se trouver et devoir accepter de grandir. C’est drôle, émouvant, frais et intelligent. La bande originale est absolument superbe, composée par Thylacine (avec la présence de la très belle chanson Pretty Killers d’Alex Beaupain et L!ly Margot composée pour 17 fois Cécile Cassard). Mais surtout le casting est parfait, en grande partie grâce à la présence de Laetitia Dosch formidable, la révélation de Jeune Femme (de Léonor Séraille, 2017) qui doit absolument recevoir le César du meilleur espoir féminin. Sa gouaille, sa présence à l’écran, sa fantaisie, son humour, font d’elle le meilleur espoir du cinéma français. A ses côtés, les non-moins excellents Félix Moati, Guillaume Gouix et Christa Théret, que l’on est heureux de suivre depuis leurs débuts et de retrouver régulièrement.

Un drôle de conte sur la fin de l’enfance, qui a le mérite de proposer une mise en scène différente de ce que l’on a pu voir sur ce sujet, sujet rebattu de nombreuses fois. Un portrait de famille attachant et sensuel, un peu barré, drôle et frais, loufoque et triste. A découvrir !

 

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