J’ai pu comme chaque année avoir mon accréditation Cannes Cinéphiles pour profiter du Festival, seulement trois jours malheureusement en raison d’un agenda chargé, mais j’ai tout de même pu voir 13 films !
Sick of myself de Kristoffer Borgli (Un Certain regard) ***
De quoi ça parle ? Signe et Thomas sont dans une relation compétitive malsaine qui prend une tournure vicieuse lorsque Thomas perce soudainement en tant qu’artiste contemporain. En réponse, Signe tente désespérément d’attirer l’attention.
Mon avis : Pour son premier film, le réalisateur norvégien Kristoffer Borgli se lance avec une comédie mordante et cynique qui critique le narcissisme de notre société. C’est drôle, très rythmé, l’actrice qui joue Signe (Kristine Kujath Thorp) est excellente, bref je recommande chaudement !
Date de sortie en France : NC
Enys Men de Mark Jenkin (Quinzaine des réalisateurs) *
De quoi ça parle ? Tourné en 16mm, ce film d’horreur se déroule sur une île inhabitée de la mer Celtique, où le travail quotidien d’une biologiste, observant des fleurs rares, se transforme en une exploration de l’étrange et de la métaphysique.
Mon avis : Enys Men est un objet cinématographique non identifié ! Présenté comme un conte horrifique, le film nous plonge dans le quotidien solitaire d’une biologiste sur une île. Rapidement les choses déraillent et le cinéaste tente de faire monter la tension. Malheureusement la sauce ne prend pas pour moi, c’est trop lent et trop confus, au point que l’on s’y perd.
Date de sortie en France : NC
Tori et Lokita des frères Dardenne (Compétition) ***
De quoi ça parle ? Aujourd’hui en Belgique, un jeune garçon et sa soeur adolescente venus seuls d’Afrique opposent leur invincible lien aux difficiles conditions de leur exil.
Mon avis : Dans la lignée de leurs précédents films, voici un nouveau film social se déroulant en Belgique et mettant en scène deux jeunes migrants. C’est toujours aussi juste et émouvant et les deux jeunes acteurs – non professionnels, comme souvent chez les Dardenne – Joely Mbundu et Pablo Schils sont épatants. Un beau film sur la tolérance et l’acceptation de l’autre, que l’on termine le coeur lourd et les yeux humides.
Date de sortie en France : 5 octobre 2022
Le film a remporté le Prix du 75e anniversaire.
Nostalgia de Mario Martone (Compétition) ***
De quoi ça parle ? Après 40 ans d’absence, Felice retourne dans sa ville natale : Naples. Il redécouvre les lieux, les codes de la ville et un passé qui le ronge.
Mon avis : Je découvre le cinéma de Mario Martone avec Nostalgia. Le cinéaste y tisse un retour aux sources et une déclaration d’amour à Naples. On est plongés dans la ville, sans filtre, pauvreté, violence, gangs, religion mais aussi lumière et nostalgie. Un beau film porté par un grand acteur, Pierfrancesco Favino. Un film au parfum d’enfance, qui sent les secrets interdits et les amitiés perdues.
De quoi ça parle ? 23 novembre 2022
Metronom de Alexandru Belc (Un Certain Regard) **
De quoi ça parle ? Bucarest, 1972. Ana a 17 ans et rêve d’amour et de liberté. Un soir, elle rejoint ses amis à une fête où ils décident de faire passer une lettre à Metronom, l’émission musicale que Radio Free Europe diffuse clandestinement en Roumanie. C’est alors que débarque la police secrète de Ceausescu, la Securitate…
Mon avis : Un premier film enthousiasmant malgré quelques faiblesses dans le scénario. C’est un film sur le passage à l’âge adulte, sur les désillusions et la violence, les amours de jeunesse et le besoin de résistance face à l’oppresseur et l’oppression.
Date de sortie en France : 11 janvier 2023
Le réalisateur roumain Alexandru Belc a reçu le prix de la Mise en scène pour son film Metronom.
La Montagne de Thomas Salvador (Quinzaine des Réalisateurs) ***
De quoi ça parle ? Pierre, ingénieur parisien, se rend dans les Alpes pour son travail. Irrésistiblement attiré par les montagnes, il s’installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre. Là-haut, il fait la rencontre de Léa et découvre de mystérieuses lueurs.
Mon avis : Un deuxième film réjouissant et original porté par Thomas Salvador (également réalisateur), Louise Bourgoin et la montagne qui a un personnage à part entière. Un film qui donne envie de prendre l’air, de grimper la montagne et de partir à sa découverte !
Date de sortie en France : NC
Le film a remporté le Prix SACD de La Quinzaine des Réalisateurs 2022.
Stars at noon de Claire Denis (Compétition) *
De quoi ça parle ? Une jeune journaliste américaine en détresse bloquée sans passeport dans le Nicaragua d’aujourd’hui en pleine période électorale rencontre dans un bar d’hôtel un voyageur anglais. Il lui semble être l’homme rêvé pour l’aider à fuir le pays. Elle réalise trop tard qu’au contraire, elle entre à ses côtés dans un monde plus trouble, plus dangereux.
Mon avis : Je n’ai pas du tout accroché à ce film, soyons honnête ! C’est très très long (2h17 mais on dirait plus), brouillon et incompréhensible, Joe Alwyn n’est pas charismatique, bref je ne vois personnellement pas grand chose à sauver. Ah si, il faut souligner la capacité de Claire Denis à filmer les scènes de sexe, sensuelles et vibrantes.
Date de sortie en France : NC
Le film a gagné le Grand Prix ex-æquo.
Godland de Hlynur Palmason (Un Certain Regard) ***
De quoi ça parle ? Fin du XIXe siècle. Un jeune prêtre danois arrivé en Islande a pour mission de faire construire une église et de photographier la population au milieu de paysages inhospitaliers. Tandis qu’il s’acquitte de son devoir, une improbable histoire d’amour se développe en même temps qu’un violent conflit…
Mon avis : Deux ans après Un jour si blanc (présenté également au Festival de Cannes), Hlynur Palmason revient avec une fresque historique impressionnante se déroulant en Islande. C’est visuellement impressionnant (les plans du cheval qui se décompose sont sublimes), les acteurs très justes et les tourments intérieurs des personnages bouillonnent. Un beau film, contemplatif certes, mais qui vaut le détour.
Date de sortie en France : 21 décembre 2022
Leila’s Brothers de Saeed Roustaee (Compétition) *****
De quoi ça parle ? Leila a dédié toute sa vie à ses parents et ses quatre frères. Très touchée par une crise économique sans précédent, la famille croule sous les dettes et se déchire au fur et à mesure de leurs désillusions personnelles. Afin de les sortir de cette situation, Leila élabore un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères.
Mon avis : Ce film est un de mes coups de coeur ! Quel film ! C’est seulement le second film de Saeed Roustaee après La loi de Téhéran et celui-ci démontre avec brio sa capacité à captiver pendant 2h45. Nous voici plongés dans cette famille dysfonctionnelle, les dialogues s’enchaînent, le film est bavard mais jamais ennuyeux, la tension nous tient en haleine tout du long. Le cinéaste s’attaque à deux thématiques très fortes : la famille et la place de la femme en Iran. C’est une critique sociale et politique très forte, notamment de la misogynie et du sexisme des hommes ainsi que de la place écrasante des traditions (au détriment de la réflexion). Une merveille qui déploie son récit très dense avec intensité.
Date de sortie en France : 24 août 2022
Domingo et la brume de Ariel Escalante Meza (Un Certain Regard) **
De quoi ça parle ? Dans les montagnes tropicales du Costa Rica, Domingo, qui a perdu sa femme, possède une terre convoitée par des entrepreneurs, déterminés à construire une nouvelle autoroute. Multipliant les actes d’intimidation, ils délogent les habitants les uns après les autres. Mais Domingo résiste car cette terre renferme un secret mystique.
Mon avis : Deux ans après son premier film, La danse du serpent, Ariel Escalante Meza revient avec une histoire sociale et fantastique. Les images sont somptueuses mais le rythme du film trop lent pour emporter complètement l’adhésion.
Date de sortie en France : NC
Un Varon de Fabian Hernandez (Quinzaine des Réalisateurs) **
De quoi ça parle ? Carlos vit dans un foyer du centre de Bogotá, un refuge à l’abri duquel la vie se fait un peu moins violente qu’à l’extérieur. C’est Noël et Carlos aimerait partager un moment avec sa famille. À sa sortie du foyer, Carlos est confronté à la rudesse des rues de son quartier, où règne la loi du plus fort. Carlos doit montrer qu’il peut lui aussi être l’un de ces mâles alpha. Il lui faudra choisir entre adopter ces codes d’une masculinité agressive, ou, à l’opposé, embrasser sa nature profonde.
Mon avis : Le premier film de Fabian Hernandez est intéressant et aborde la fabrication de la masculinité en Colombie. La durée très ramassée du film (seulement 1h22) donne l’impression que le personnage est sur le fil tout au long du récit. Récit qui donne l’impression d’être à la croisée de la fiction et du documentaire.
Date de sortie en France : NC
Mediterranean Fever de Maha Haj (Un Certain Regard) **
De quoi ça parle ? Walid, 40 ans, palestinien vivant à Haifa, avec sa femme et ses deux enfants, cultive sa dépression et ses velléités littéraires. Il fait la connaissance de son nouveau voisin, Jalal, un escroc à la petite semaine. Les deux hommes deviennent bientôt inséparables : Jalal est persuadé d’aider l’écrivain en lui montrant ses combines ; Walid, quant à lui, y voit l’opportunité de réaliser un projet secret…
Mon avis : Une chronique sociale tragi-comique qui nous fait passer un bon moment, mais qui ne marque pas.
Date de sortie en France : NC
Le film a été récompensé par le Prix du Meilleur scénario dans la sélection
Un Certain Regard.
Close de Lukas Dhont (Compétition) *****
De quoi ça parle ? Léo et Rémi, 13 ans, sont amis depuis toujours. C’est l’année de leur entrée au collège et tout va changer.
Mon avis : Immense film que ce second long métrage de Lukas Dhont à qui l’on devait Girl (Caméra d’or en 2018). Le jeune réalisateur va raconter un drame, un drame à hauteur d’enfant, de jeune adolescent plutôt, sans aucun misérabilisme, avec pudeur et sensibilité. Les acteurs sont excellents (mention au jeune Eden Dambrine dont c’est le premier rôle). Je ne vous dirais rien de plus sur le film, allez-y avec le coeur accroché, le paquet de mouchoirs à proximité et laissez vous porter.
Date de sortie en France : 1 novembre 2022
Le film a gagné le Grand Prix ex-æquo.
Les bonnes étoiles de Kore-eda Hirokazu (Compétition) ***
De quoi ça parle ? Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé.
Mon avis : Je suis une inconditionnelle des films de Kore-eda mais je dois dire que je trouve ce nouveau film, tourné en Corée du sud, un peu décevant. C’est quasiment la même histoire qu’Une Affaire de Famille, Palme d’or 2018, mais je trouve qu’il manque quelque chose. On est plus ici dans un feel-good movie qui ne dit pas son nom. Il y a certes une critique sociale du pays (avec notamment les boîtes à bébés) et des personnages douteux (les deux personnages principaux sont des trafiquants d’enfants) mais le tout est enrobé dans une couche de bons sentiments. Alors oui c’est beau, c’est doux, c’est émouvant mais il manque ce petit quelque chose qui empêche ce nouveau film d’être à la hauteur du précédent.
Date de sortie en France : 7 décembre 2022
L’acteur principal Song Kang-Ho a gagné le Prix d’interprétation masculine.