La fabrique des sentiments

L’amour conditionné

Elsa Zylberstein. Les Films du Losange
 

Eloïse a 36 et pas de mari, ni d’enfants. Elle a un très bon travail, clerc de notaire à Paris, mais veut plus. Elle s’inscrit à un speed-dating où elle rencontre Jean-Luc, un homme séduisant, et André, un dépressif désabusé.

Touché. La mise en scène, implacable, froide, est dans la continuité du sujet: les relations entre les hommes et les femmes. Jean-Marc Moutout, déjà réalisateur du très bon Violence des échanges en milieu tempéré, observe avec froideur et minutie l’amour et les femmes aujourd’hui, comme il l’avait fait avec le monde du travail. Le film prend donc en contre-pied toutes les comédies romantiques américaines ou françaises communes. Ca ne brosse pas dans le sens du poil et c’est tant mieux. Le regard fin, acéré et onirique (les rêves omniprésents, où commence la réalité et où finit-elle?) de ce jeune cinéaste donne un film surprise. Un film qui va droit au but et délivre un beau portrait de femme d’aujourd’hui très réaliste et moderne. Et ose parler de l’impensable: l’amour existe-t-il? Ne fabriquons-nous pas nos sentiments pour rentrer dans le moule, plaire à quelqu’un ou faire comme tout le monde? Un postulat qui en surprendra plus d’un, au risque de le choquer peut-être ou de l’ennuyer. Elsa Zylberstein, magnifique, traverse ce long-métrage avec grâce et mélancolie. L’atout charme, c’est elle. La fin, comme celle de son précédent film, n’épargne pas non plus. Un film comme ça, c’est rare, et donc à ne pas manquer.
 

Les Films du Losange

 

 

 

 

 

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