Dans Au-delà, le nouveau Clint
Eastwood, le film s’ouvre sur une scène saisissante, un tsunami qui
ravage Hawaï, et nous prend aux tripes. Passé cette scène d’ouverture, le film se calme, gagne en mélancolie et en pudeur. Film fantastique, non, malgré le titre, mais plutôt drame sur la mort, ce qu’il y a après, "l’au-delà" à travers trois personnages dont les histoires vont s’entrecroiser : un homme américain qui peut parler aux morts mais dont le don est plus une malédiction (qui l’empêche d’être réellement vivant), une journaliste française qui fait l’expérience de la mort lors d’un tsunami et devient obsédé par cette expérience et un petit garçon qui a perdu son frère jumeau (difficulté du deuil). Le classicisme (de la mise en scène, notamment) de Eastwood (qui n’est pas un défaut, loin de là) a l’avantage d’éviter le mélodrame, cela étant aidé par le scénario de Peter Morgan (qui trouve néanmoins ses plus grandes faiblesses et fautes de goût dans la partie française). Au-delà est un film lent, contemplatif et d’une grande tristesse, et se pose en contre-pied des productions hollywoodiennes habituelles. Outre les thèmes du deuil, de la mort, on retrouve celui de l’enfance brisée (déjà au centre de Mystic River et L’Échange, deux excellents films), cher au cinéaste. C’est surtout, peut-être, l’homme aux 80 ans, et non plus le cinéaste, qui s’interroge sur l’au-delà, sur la mort. L’homme qui après avoir jouer les gros durs pendant des années, a tiré sa révérence dans Gran Torino, sa dernière apparition au cinéma, c’est lui qui le jure. L’homme qui se révèle être un romantique, avec la scène finale, vrai moment de niaiserie vous en conviendrez, qui contraste violemment avec le reste de ce film hanté par la mort. Le cinéaste a su s’entourer d’un casting plutôt correct (Matt Damon, très bon, Bryce Dallas Howard, Cécile de France, qui aurait pu faire mieux, mais ce n’est pas encore du niveau de surjeu de Thierry Neuvic), mais au final, les vraies stars du film ce sont les deux jumeaux George et Frankie MacLaren.
Si Au-delà a été accueilli en demi-teinte par le public et la presse, c’est en partie parce qu’il n’est pas aussi bon que les précédents du grand Eastwood (Mystic River, Million Dollar Baby…). Pour autant, ce drame qui en a déconcerté certains, n’est pas mauvais, même si les ficelles sont grosses parfois. Je ne serais donc pas aussi catégorique que certains : Au-delà mérite le coup d’il, et que l’on se rassure, Clint Eastwood, le vrai, le grand, va revenir rapidement avec une biographie de Hoover (avec Leonardo DiCaprio), futur chef d’uvre du réalisateur?
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Avec Au-delà, Clint Eastwood sessaie au film choral, sous la forme d’un récit structuré en trois épisodes. Evacuons tout de suite la question de la partie parisienne, dont tout le monde, même les critiques les plus indulgents, saccorde à reconnaître la faiblesse. Je ne serai donc pas très original en relevant moi aussi que le spectateur français se sentira sans doute gêner par la méconnaissance dont font preuve le réalisateur et son scénariste, Peter Morgan, à légard de la politique de notre pays. Mettre dans la bouche d’une journaliste responsable dun magazine dinvestigation d’une grande chaîne publique que personne na encore étudié la part dombre de François Mitterrand est de fait assez consternant (laction se déroule en 2005).
Lépisode anglais ma en revanche davantage séduit. Sur certains blogs, jai lu quil était dune sentimentalité dégueulasse (Filmosphere, par ailleurs excellent site) ! Un reproche qui me semble un brin outrancier. Je ne vois en effet pas en quoi le sentimentalisme peut-être qualifié de dégueulasse. Le racisme, la vulgarité, sans doute. Mais là, je ne comprends pas. A la rigueur, cela peut être agaçant, ridicule… Quoi quil en soit, jai été sensible à lévocation pleine de justesse de cet univers ouvrier et à linterprétation des jumeaux et de leur mère à la dérive.
La partie américaine fait le lien entre les deux autres récits, grâce au personnage incarné par Matt Damon. Inégale dans son traitement, elle donne tout de même lieu à une très belle scène de dégustation à laveugle, joliment sensuelle, au cours de laquelle Bryce Dallas Howard se confie à George. Il est simplement dommage que leur relation ne soit pas davantage développée.
Dun point de vue formel, Clint Eastwood fait montre une nouvelle fois d’une parfaite maîtrise, notamment à loccasion de la reconstitution du tsunami, impressionnante (même si quelques effets numériques auraient pu être plus soignés), et de la séquence de panique dans le métro londonien. Le talent du cinéaste transparaît également dans des plans moins spectaculaires, plus intimes, mais tout aussi forts, tel celui où, après la mort de Jason, la caméra sélève vers le ciel, comme dans Mystic river après la découverte du corps de Katie Markum. Si l’on devait mettre un bémol, tout juste soulignerait-on la théâtralité exagérée des flashs de George, qui auraient pu être rendus dune manière plus subtile, ainsi que le caractère un peu conventionnel des représentations de lau-delà, avec des silhouettes évanescentes immobiles dans un espace éclatant de lumière.
Certes, Au-delà noccupera probablement pas une place majeure dans la très riche filmographie dEastwood. Ce film nest pas pour autant aussi infâmant que certains se plaisent à laffirmer. Il a du moins le mérite de prouver la cohérence de luvre du réalisateur. Car on y retrouve des thèmes maintes fois abordés au cours de sa carrière (le poids du passé, la mort, le surnaturel ). De plus, il illustre avec beaucoup de tendresse le lien mystérieux unissant les vivants à leurs morts. Comme la noté Lee Chang-dong (lauteur du très beau Poetry) lors du dernier festival de Toronto, Au-delà est un film apaisant, qui prend le contre-pied de tous les principes du cinéma hollywoodien daujourdhui (Source Le nouvel observateur).